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magazine / technique / agachon (suite)

2- L’agachon en eau profonde sur fond rocheux, sur les secs au large, près des tombants, à la pointe des caps et des écueils battus par les vagues et le courant. J’arrive sur les lieux très discrètement en laissant le bateau courir sur son erre, moteur éteint. Je me glisse dans l’eau sans un bruit après avoir analysé le sens du courant pour plonger à la recherche de mon poste. Ma dernière inspiration est plus profonde que les autres.

J’enlève le tuba de la bouche pour que les bulles ne trahissent pas ma présence. Je lance mes deux jambes en l’air en basculant le buste en avant et je m’enfonce sans bruit et en souplesse sous la surface. Mes palmes prennent le relais pour atteindre rapidement la zone où ma flottabilité devient négative. Là je peux me laisser glisser vers le fond dans une position hydrodynamique en jouant de l’assiette des palmes pour diriger et corriger ma descente.

S’il y a du courant je descends en oblique contre lui et en palmant. L’arbalète toujours plaquée au corps pour la dissimuler le plus possible aux yeux des poissons.

Avant d’arriver sur le fond je fais un tour complet sur moi même pour voir s’il y a des indices de vie. Une fois en bas je continue à observer l’attitude et la position du petit poisson. S’il est présent alors neuf fois sur dix je peux espérer la présence de prédateurs, invisibles dans le bleu, mais prêts à l’attaque. Si le premier agachon ne donne rien cela ne signifie pas que le poisson n’est pas là, il est probablement un peu loin. Sa curiosité n’est pas encore exacerbée. Pendant l’agachon il faut regarder le comportement du petit poisson car il est le meilleur indicateur de la venue ou pas du prédateur. S’il devient nerveux ou qu’il quitte brusquement les lieux, il y a fort à parier que le ou les prédateurs arrivent dans la direction opposée. Ce qu’il ne faut pas faire pendant la descente et au fond, c’est ouvrir les jambes latéralement. Cette silhouette est un véritable épouvantail à poissons, il faut absolument garder les jambes unies.

Il y a un autre facteur dont il faut tenir compte ce sont les courants d’eau froide. S’il y a en a il sera difficile de trouver des liches et des dentis car ils n’aiment pas les basses températures. Vouloir l’ignorer vous exposerait à de mauvais résultats. Je m’en suis rendu compte très tôt. Un jour à l’agachon sur des dentis, j’ai été surpris de voir qu’ils venaient jusqu’à une dizaine de mètres de moi et repartaient aussitôt sans daigner me jeter un regard. Leur manège m’intriguaient puisque rien dans mon comportement ne justifiait cette volte face. Et puis cette barrière invisible qui les empêchait de s’approcher chaque fois un peu plus m’intriguait. Je décidai d’aller me rendre compte sur place. J’ai compris tout de suite lorsqu’un courant glacial m’enveloppa à cet endroit. Au contraire les eaux chaudes favorisent la présence de ces espèces. J’ai d’ailleurs réalisé mes meilleures pêches dans ces conditions. En ce qui concerne la profondeur c’est une contrainte incontournable de cette pêche. Les gros poissons ne se prennent qu’exceptionnellement au-dessus de 20 m de profondeur. J’ai remarqué aussi que les poissons se sentent plus en sécurité lorsqu’ils peuvent vous approcher par le fond, donc à plat. Au contraire sur une zone accidentée de gros éboulis, de grandes dalles verticales, le poisson vient très mal. Partant de ce constat, je peux dire que le meilleur poste d’agachon sur un fond plat est celui d’une dépression dans le sol où l’on peut se cacher entièrement des palmes au tuba sans créer d’inconnues pour le poisson. Quel que soit le poste adopté, le fusil doit rester discret, pointé dans la bonne direction. Les fusils recouverts d’une gaine protectrice en néoprène ou caoutchouc évitent les bruits incongrus contre la roche, il faut penser à mettre toutes les chances de son côté. Aucun détail n’est à négliger. Si l’arbalète est dans la mauvaise direction, la tentation est grande de bouger le bras. Abstenez-vous, servez-vous plutôt du poignet pour corriger l’angle de tir. Autre détail important, votre regard. Il doit rester discret et immobile. J’ai essayé de chasser avec un masque teinté pour voir si cela valait vraiment la peine. Je n’ai pas été convaincu car la luminosité bien amoindrie devient un handicap, surtout à l’aube et au crépuscule qui sont les meilleurs moments pour chasser le pélagique. On le voit le tir n’est pas simple surtout sur le denti qui est le poisson le plus intelligent et le plus méfiant que je connaisse.

Il arrive toujours de face pour faire demi-tour à une distance respectable. C’est à ce moment précis, avant qu’il tourne et disparaisse, qu’il faut tirer. Lorsque le denti s’approche, il est si nerveux que dès qu’il verra votre index fléchir sur la détente, il s’en retournera. Un tir trop tard risque de le toucher dans la partie arrière, il se déchirera facilement tellement il est puissant. Il y a des poissons particulièrement peureux qui restent désespérément loin, hors de portée. Que faut-il faire dans ce cas ? Si vous êtes bien caché, vous pouvez essayer de lever légèrement la tête et la rabaisser immédiatement. Le denti excité par cette courte apparition risque de succomber à sa curiosité maladive. Si cette ruse ne marche pas, ce n’est pas la peine d’insister. En quittant le poste il faut rester aussi discret qu’à la descente en s’aidant des mains pour se redresser et s’éloigner hors de la vue du poisson avant d’entamer le trajet à la palme calmement. De la sorte on peut recommencer un agachon sur le même poste.

Il est plus facile de capturer une liche (ou sériole) qu’un denti car c’est un poisson moins méfiant. De plus une fois à portée, la liche s’expose plus longtemps et plus largement à la flèche. Il faut éviter de tirer dans les ouïes qui sont assez fragiles et qui ne résisteraient pas à sa force de traction. Le meilleur endroit est le centre dans la ligne latérale. Il faut absolument un moulinet pour la travailler à la remontée et de la surface. Il faut profiter de l’instant où elle est K.O. pour s’en saisir parce qu’après elle tire comme un train. Un deuxième moulinet est plus que nécessaire dans ce cas pour prendre le relais du premier dont la bobine est vide. Cela m’est arrivé plus d’une fois qu’une liche m’emporte l’arbalète en bout de fil sans que je puisse rien faire ! Depuis j’en ai toujours deux. Je préconise de porter le 2ème moulinet au bras plutôt qu’à la ceinture simplement parce qu’il ne risque pas de s’emmêler avec les plombs à la ceinture mais aussi parce qu’il ne restera pas accroché à la ceinture si vous êtes obligé de vous en séparer au fond. Pour la liche il faut un fusil long avec des sandows puissants pour assurer des tirs lointains sur des poissons qui peuvent atteindre 50 kg. Tout doit être solide, la flèche de 7 mm et les ardillons. Deux ardillons de 7 cm placés à la même hauteur pour équilibrer la force qui va s’exercer sur l’axe et la flèche. Ces ardillons sont limés sur la tranche pour ne pas couper et déchirer les chairs. Ils épousent parfaitement la section de la flèche.

En fonction de la zone choisie l’heure de la pêche est importante. Si c’est une zone d’activité : plaisance, plongeurs, chasseurs, ne tentez rien en dehors du lever et du coucher du soleil, le seul moment ou la mer retrouve calme et sérénité. Au large, au calme, il n’y a pas d’heures. Le matin, à midi ou l’après-midi sont des bonnes heures. Pour finir je dirai que le noir est la couleur la plus adéquate pour tout l’équipement sous-marin dans la pêche profonde. Pour le reste c’est une affaire de technique, d’expérience, de persévérance et d’instinct. Des qualités indispensables pour passer d’une sortie nulle à mémorable.

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EDK
(fevrier 2001)

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