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Dégustation de thon banane par les 2 bouts


joe

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Voilà 14 ans que nous fréquentons régulièrement le Cap Vert.

Cet archipel est constitué de 9 îles assez différente, de Boa Vista la désertique à Santo Antao la verte.
 
On y revient avec toujours autant de plaisir, la gentillesse et la simplicité des Capverdiens n'y sont pas étrangères. Pour moi également, bien sûr, la chasse avec ces séances de blue water. 
 
Chaque fois je retrouve mon camarade Antonio, pêcheur sous-marin professionnel de son état. Son gagne-pain: le wahoo, localement appelé serra et qui constitue l'essentiel de ses captures. 
 
Nous nous rendons sur les zones de pêche, environ 5 miles au large, avec sa barque en bois. Les conditions de mer sont souvent assez difficiles, alizés obligent. La visi varie de 15 à 30 mètres. 
 
La session 2017 s'était terminée de façon surprenante. La dernière sortie s'annonçait sympa, les wahoos semblaient assez présents mais ne daignaient pas s'approcher à porter de nos 150. 2 beaux poissons étaient dans le bateau et la fin de la matinée, donc le retour, se profilait. Sur l'ultime dérive, 2 beaux spécimens, autour des 20 kgs, passent sous le bateau. Coulée, les 2 poissons tournent et offrent leur flanc. Tir sur le plus proche et démarrage tonique habituel qui fait couler la 11 litres. Je récupère le bungee et commence à remonter ma prise. Je distingue les reflets brillants 15 mètres plus bas. A ce moment, je vois arriver un requin par mon travers qui se jette sur le wahoo. Alors que le tout repart vers le fond, je me sens puissamment tiré par le bras gauche. Le nylon de ma flèche avait fait un tour sur le poignet et venait de se bloquer sous ma montre. De façon incroyable je me retrouvais 2 mètres sous la surface tracté par le squale. Cà cogite: couteau, arracher la montre... Finalement non, je saisis le nylon et réussis à défaire la boucle sur le poignet. Je regagne la surface et reprends le bungee. En force, tout remonte, y compris le requin qui lâche sa prise 5 mètres sous mes palmes. Le wahoo se dégage de la flèche, la blessure de cette dernière ayant été agrandie, et dans un dernier sursaut donne un coup de queue et sonde définitivement. 
 
Cette année, le fils d'Antonio se joint à nous. Il s'avérera être un excellent chasseur dans la lignée de son père. Son ROB ALLEN fera mouche à chaque tir. La première sortie s'annonçait bien: peu de vent et de mer, ce qui est assez rare, et présence de serras dès la mise à l'eau. Le premier rejoint rapidement la bateau. Je tire un spécimen d'un quinzaine de kilos, démarrage... Remonté à 10 mètres, et je me dis que le sort s'acharne sur moi. La masse sombre qui s'approchait de mon poisson me remet en tête mon aventure de l'année passée. C'en était un autre de requin, mais bien plus impressionnant que le précédent: un tigre d'environ 3,50 m. Très calmement, il croque, c'est le terme, le tiers arrière de ma prise que je tente de récupérer partiellement. Mais il en décide autrement et suit le reste du wahoo bouche grande ouverte jusque 3 mètres sous mes palmes. J'arrête de le remonter. Le prédateur, tout aussi calmement, contourne la flèche, plantée dans le centre du poisson, et avale d'un seul coup de mâchoire le tiers avant. A ce moment, je vois remonter le reste du wahoo et la flèche à grande vitesse. C'est Antonio qui vient de récupérer les bouées et le bungee et met le tout à bord. De mon côté, je ne reste pas contempler la digestion du tigre et fait un repli stratégique, des plus rapides, dans la barque. Mon barquero ne peut s'empêcher de rire devant ma tête ahurie.
 
Donc requin 2, Joe 0... La discussion s'engage sur la présence du tigre au Cap Vert, que j'ignorais. L'espèce semble en effet fréquenter ces eaux, mais pas d'attaques connues à ce jour. 
 
La matinée se termine malgré tout avec 4 wahoos à bord. 
 
Deux jours plus tard, alternance d'un jour sur deux avec ma chère et tendre, nous retournons dans le bleu mais avec un changement de zone, allez savoir pourquoi... Dès la mise à l'eau, je tire un petit wahoo d'une dizaine de kgs et... ce sera le seul de la journée. Nous apercevrons à plusieurs reprises des thons jaunes entre 30 et 40 kgs, mais profonds, 25 et plus, et extrêmement speed. Je sentais qu'il n'y avait pas de volonté de s'y intéresser, seul le serra ayant pour eux un réel intérêt. Le fils d'Antonio remontera un jaune d'une dizaine de kgs à la ligne.
 
Samedi 6 octobre... Pas très motivé: mauvaise nuit, bon clapot accompagné d'une houle assez prononcée. Bref, la mise à l'eau à 7 h ne se fait pas dans un grand enthousiasme. Je me dis que le yoyo généré par l'état de la mer finira par avoir raison de mon petit déjeuner. Mais Poséidon en décidera autrement. Le poisson arrive par mon avant droit, superbe avec ces couleurs que seuls les grands pélagiques du large peuvent nous offrir. Je sonde, rectifie ma trajectoire pour me positionner sur son travers et lâche ma flèche à 3 mètres. La tahitienne de 7,5 le traverse en plein milieu. Il tressaille et malgré ce tir dans la ligne latérale me prend plusieurs mètres de bungee, la voile entièrement déployée. Le ramener à bord ne prendra qu'une paire de minutes. Curieusement, la veille au soir, j'échangeais avec un collègue et lui disais que mon souhait pour cette édition 2018 était de ramener un voilier. Chose faite. 
 
Un seul wahoo viendra lui tenir compagnie.
 
Trois thons banane seront pêchés lors de la dernière sortie dont un superbe spécimen de près de 30 kgs par le fils d'Antonio.
 
Clap de fin 2018, enfin pour moi. Antonio et son fils vont, quant à eux, continuer de traquer inexorablement le serra. Et si un jour la mer ne se montre pas très généreuse, Antonio aura toujours cette simple formule accompagnée de son petit sourire: "amanha é outro dia". 
 
Au revoir camarades, à l'année prochaine. 
 
             

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il y a 17 minutes, team hunter a dit :

Merci joe pour le récit . j’avais compris dans un des post précédent que justement le wahoo où serra était d’une faible valeur attractive et marchande . 

 

La visite de tigrou t’as plu ? ?

Sur quelle île étais tu ?

 

Je l avais ecrit pour les Acores. Au Cap Vert, les pêcheurs vendent le wahoo, ainsi que les autres pélagiques d ailleurs, 4 € le kg.

Tigrou, il avait un beau sourire.

J'étais à sal.

 

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Non. J'utilise, ainsi que les collègues capverdiens, exclusivement des RA 150 alu. 

Flèches de 7 ou 7,5 en 190. Je suis monté en 2X16, les collègues en simple 18.

J'opterai sans doute également pour un simple 18 l'année prochaine. 

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  • 2 semaines après...

Merci Joel ! ?

conditions de chasse pas simple mais un très joli sailfish atlantique.
Avec 20-30m de visie les couleurs ont du être magnifiques.

Et c'est top de pouvoir chasser dans tant de visi à seulement 5MN. Début octobre, pour moi c'était plus 5m de visi à 25MN par 1000m de fond.... ?

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