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YoannRev

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Tout ce qui a été posté par YoannRev

  1. Alors que l'hiver me saisit jusque dans mes chaires, que la pluie battante fouette mon visage anesthésié par le vent glacial, je contemple depuis mon poste d'observation, en altitude, l'aire marine qui sera notre terrain de jeu d'ici quelques minutes. Le plan d'eau est parfaitement lisse, et je distingue sous la surface les roches affleurant, promesse d'une visibilité salvatrice. Un véhicule en approche me sort de ma torpeur, et j'allume une cigarette d'un geste las. Mon coéquipier du jour vient d'arriver, et je lis sur son visage l'envie et l'excitation. Pour lui, il s'agira d'une première sortie cette année, après une interruption de plusieurs mois, alors que j'ai pu retrouver mes sensations la semaine passée. Il me regarde du coin de l'œil, et ironise sur mon hygiène de vie, alors que je tire les dernières fumées d'une cigarette qui me brule les poumons. Seuls ceux qui jaunissent leurs doigts de nicotine savent le plaisir que leur procure le tabac, particulièrement lorsque sa consommation marque la pause avant le passage à l'action. Petits bricolages de circonstance, nous nous équipons tranquillement, quoique l'air frais nous rappelle qu'en cette saison, il ne fait pas bon rester nu en extérieur. Dernières vérifications, nous sommes prêts à descendre la falaise pour rejoindre la mer. La pluie ruisselante aura détrempé le chemin escarpé, nous contraignant à redoubler de vigilance afin d'éviter la glissade. Il faut bien reconnaître que cette descente ressemble à une aventure, et que l'espace d'un moment, nous avons l'impression d'être deux explorateurs dont les erreurs d'appréciations se concluraient par une chute particulièrement violente, probablement mortelle. Le moment est venu de s'imprégner d'iode, et de sentir l'eau fraîche nous saisir les quelques parties de visage dont le néoprène n'assurera pas sa protection iso thermique. Nous voilà partis pour deux heures de prospection. Avant le début cette sortie, nous avions convenu qu'elle ferait l'objet d'une fouille systématique des roches et anfractuosités, afin de débusquer quelques homards de saisons. En effet, nous savons que cette zone de la baie de Saint Brieuc Ouest en regorge. D'ailleurs, quelques bouées de signalisation semblant se languir de leur propriétaire, parsèment le secteur. Au bout de quelques minutes, mon ami me hèle. "Tu peux me confirmer l'espèce de raie qu'il y'a sous mes palmes? Elle est belle mais je ne voudrais pas faire une connerie en la fléchant. D'autant que je pense que celle ci est protégée." J'amorce un canard, et suis le filin de sa bouée, pour retrouver entre deux roches une forme camouflée parfaitement, presque invisible pour un œil non averti. J'observe attentivement la belle, et ne peux que confirmer le diagnostic de mon acolyte. "C'est bien une raie brunette, aux dessins caractéristiques. C'est toujours une rencontre sympa!". Nous continuons de parcourir la zone, et je décide de tenter des dérives afin de débusquer une vieille ou un lieu. Après deux ou trois apnées, mon collègue m'interpelle à nouveau et me fait signe en pointant du doigt une masse sombre qui vient de fendre la surface. "Un phoque, là, 10 mètres devant moi! - Ouais, je vois cela. Bon, je n'ai plus qu'à abandonner mes dérives, je suis sûr de ne rien voir!". il tournera plusieurs minutes avant de disparaître définitivement. Notre fouille organisée des failles et autres trous pouvant abriter de la vie, nous permettra d'observer de nombreux homards, souvent de la taille d'une grosse langoustine. J'en saisi un à l'entrée de son trou, et m'amuse de sa hargne. Celui ci est un battant, et il saura, j'en suis sûr, affronter les dangers que la mer lui réserve. Je finis par débusquer un "bleu" sous une pierre plate, dont la disposition offre une cachette idéale. Je saisis la bête une première fois, mais le froid engourdit mes doigts, et j'ai du mal à le prendre convenablement. Je me retrouve avec deux pinces dans les mains, mais rapidement je les lâche, et retourne à la charge pour que sa fuite soit impossible. Je remonte à la surface, les pinces dans une main, le reste de sa personne dans l'autre. Dans la bataille, je l'ai blessé, et me rends compte qu'il est assez mou. Malheureusement, le mal est fait, il mourra si je le relâche. Qu'à cela ne tienne, je lui ferais honneur dans mon assiette! Mon équipier me rejoint, afin que nous fassions un point à mi parcours. Il n'aura vu que de petits homards, et me félicitera pour celui que j'ai sorti. Cela tombe bien, car je viens de commencer à prospecter une nouvelle étendue de roche et d'éboulis, et au détour d'une caillasse, je viens de trouver un nouveau homard. Je lui dis d'aller regarder, et de bloquer le trou à l'arrière de la pierre, qui pourrait être le point de fuite du crustacé. Nous plongeons ensemble, et d'un geste vif je fourre ma main au fond de ce trou sombre. J'y vais avec une telle violence que le homard n'a pas le temps de réaliser ce qui lui arrive. Il me faut pourtant m'y reprendre à deux fois pour le sortir, mais il finira bien dans mon filet. Un large sourire fend le visage de mon équipier. "Ca me fait vraiment marrer, tu y vas comme un bourrin! - Ouais, c'est Gwen qui m'a appris à les sortir comme cela. Parfois, tu casses les pinces, mes 90% des zozos finissent dans le filet. Le secret, c'est de ne pas avoir peur, et ne pas hésiter. Un homard qui pince, ce n'est pas si douloureux. Par contre, je ne ferai jamais la même chose avec un tourteau!!!" Les minutes défilent, et nous approchons de la fin de notre parcours. Le froid commence à se faire de plus en plus saisissant. Je plonge une nouvelle fois, et longe un tombant. J'observe en fin d'apnée une antenne orangée dépasser d'une roche. En me penchant, je découvre un cachette improbable, abritant un joli homard. Cette petite pierre était assez discrète, et ne laissait pas présager d'une telle rencontre. J'appelle mon ami car, une nouvelle fois, le crustacé pourrait s'échapper par une dérobade au fond du trou. Nous plongeons ensemble, et mon bras disparaît, à l'aveugle dans ce tunnel. Comme je le craignais, le homard tente de s'échapper par la petite porte de derrière. Mon adjoint garde fou veillant au grain, il n'a laissé aucune chance de fuite au pauvre crustacé piégé. Nous continuons encore un petit quart d'heure, mais nos extrémités nous rappellent à l'ordre. Qu'il fût dur de ne pas ramasser ses ormeaux innombrables, ventousés à leur rocher, ou ces belles Saint Jacques à moitié enfouies dans leur substrat. Je ne résistai pas à en déguster une, sur ma planche, directement dans l'eau. Si c'est interdit, le plaisir est parfaitement conservé, les saveurs de cette chaire fraiche éclatent en bouche sur une symphonie d'iode et de noisette. Je ne suis jamais aussi heureux qu'en ces moments où, au gré du courant, je me laisse dérivé sur ma planche, tous mes sens exaltés. L'heure de retrouver notre voiture avait sonné. Si la descente de falaise nous avait paru périlleuse, la remontée nous apparaissait douloureuse. L'hiver a raison de notre condition physique, au fil des repas riches en calories, et de notre baisse d'activité sportive. Et nous le payons sévèrement. Toutefois, aucun obstacle n'est infranchissable pour deux valeureux chasseurs revigorés par une sortie riches en sensations. Je sors mon couteau de son fourreau, et ouvre une huitre collée à son rocher, afin d'en déguster le contenu. Rassasié, je suis fin prêt pour l'ascension. Nous nous sommes changés plus rapidement encore qu'à l'habillage. Un des homards m'interpella, et me questionna sur son avenir, et celui des autres habitants de la mer. "Que va-t-il m'arriver? - Je vais te cuisiner, et te manger, comme tu te délectes des restes de repas de ton ami le congre. - Je m'en doutais, c'est le jeu. Et cette fois ci, j'ai perdu.... J'ai ouïe dire il y a peu, en surprenant une conversation entre deux bars, que ces derniers bénéficiaient d'une protection nouvelle? - Oui, un règlement européen vient d'être adopté, et nous ne pouvons plus les pêcher de janvier à juin, et ensuite ce ne sera qu'un par jour et par chasseur. - Houla, ça a dû râler dans vos rangs!!!! - Certains ont manifesté leur mécontentement sur le net, mais d'ordre général, il s'agit, étonnamment, que de rares et isolées protestations. Je t'avoue que j'ai été surpris que cela ne défoule pas autant les passions que l'année dernière, lorsque le quota d'un bar par jour et par personne a été proposé. - Peut être que de nombreux chasseurs ont fini par comprendre qu'il était nécessaire de faire un effort s'ils voulaient pouvoir continuer à pratiquer leur passion? - Sans doute. Mais cette interdiction passe mal, car rien n'est fait pour l'Atlantique, et l'effort de pêche va se reporter sur une zone qui souffrira de la même manière. De plus, la mesure est hyper restrictive, et ils ont la sensations que nous sommes condamnés à hauteur des professionnels qui semblent être les principaux responsables de la raréfaction du bar. Je ne sais pas s'ils ont raison, mais dans cette histoire, les restrictions pénalisent tout le monde. Sauf le bar. Et c'est peut être une bonne chose pour lui. Ce qui m'interpelle, c'est que la critique est aisée sur notre espace virtuel, que plein de gens ont de bonnes idées, mais ils continuent de pratiquer égoïstement dans leur coin sans se soucier de l'avenir de leur discipline. - Je ne comprends pas, que veux tu dire par là? - Et bien, vois tu, il est très difficile, lors des négociations sur des dossiers comme celui évoqué, de faire valoir notre voix. Pour cela, il faut que l'on soit représentatif d'une frange de la population. Or, trop peu de pratiquants comprennent l'importance de faire partie d'une fédération. Pourtant, ils ont le choix, puisqu'il y en a trois!!! La sauvegarde de notre discipline passe par l'organisation, et une représentativité. Mais pour cela, il faut se regrouper autour d'une ou plusieurs institutions représentatives, autours de valeurs telles que l'éthique, le respect de l'environnement, la promotion de notre activité. - D'accord, je vois!!! C'est un peu comme moi, lorsque je rejoins un groupe constitué de congre et de crevettes. Ensembles, nous sommes plus forts! Hey, les gars, vous entendez cela! C'est pas con ce que dit ce bipède! Allez, soutenons le dans le message qu'il veut passer! - Merci les gars, en échange j'ai ramassé quelques débris sous l'eau. Un tube en plastique, une barre en alu, un morceau de caoutchouc, et deux ou trois plombs de pêche." PS : les queues de ces homards on été coupées conformément à la réglementation.
  2. YoannRev

    Visi 22

    De 2 à 5 mètres dans le secteur brehec et compagnie. Pas beaucoup de vie, mais des ormeaux à chier, des saint jacques et du homard. Cr à suivre, mais sans ormeau et saint jacques, malheureusement...
  3. A vrai dire, ce ne sont pas mes compétences, mais celles d'un ami dont c'est le métier. Lui n'a pas nécessairement tout lu, ni moi d'ailleurs par manque de temps.
  4. Relis bien ce que j'ai cité. Surtout les disposions concernant l'effort de pêche (date d'applicabilité). De toute manière, en toute hypothèse sur la base d'un règlement européen, tu ne peux poursuivre que l'Etat qui n'applique pas le droit européen devant la cour de justice européenne. Cela étant dit, les infractions aux règlements européens en matière de pêches sont pénalisés dans le code de la pêche maritime. Des plaintes pénales sont donc théoriquement possibles, articles L 911-1 et suivants du code de la pêche.
  5. Pour ceux qui veulent lire : http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/... Applicabilité du règlement : il était prévu une entrée en vigueur à compter du 1er janvier 2016. Mais, parce qu'il y a un mais, page 6, mesure 40 : " Afin d'éviter une interruption des activités de pêche et de garantir les moyens de subsistance des pêcheurs de l'Union, il convient que le présent règlement s'applique à partir du 1er janvier 2016, sauf pour ce qui est des dispositions concernant les limitations de l'effort de pêche, qui devraient s'appliquer à partir du 1er février 2016, et de certaines dispositions concernant des régions particulières, qui devraient comporter une date d'entrée en application spécifique. Pour des raisons d'urgence, il convient que le présent règlement entre en vigueur immédiatement après sa publication. " Cela peut répondre à ceux qui se questionnent sur la possibilité d'un dépôt de plainte.
  6. Ca ressemble plus à des branchies, vue du dessous, qu'aux restes d'une baudroie. Quant à dire à quelle espèce elle appartient, je ne suis pas certains que quelqu'un ici puisse te répondre.
  7. On est sorti pour faire du homard. Et on a fait du homard.
  8. Hier sortie hivernale avec mon petit Arsouille préféré, sur saint Malo. Eau à 8/9 degrés, 2h dans une eau avec une visibilité correcte. Caca au bord, et 2/3mètres dans le courant.
  9. YoannRev

    Loup 17,962 Kg

    Tiens, hier il en faisait 14.
  10. Leclerc Saint Grégoire aussi.
  11. Point de provocation. C'était simplement pour souligner qu''il n'y a pas de mauvais poisson (sauf pour ceux qui n'aiment pas cela), simplement des recettes adaptées. Regarde le tajine de congre de KB. Et bien c'est succulent. Pourtant, le congre c'est pas ce qui est le plus réputé. Si je prends le cas de la vieille. Au naturel, ce n'est pas le plus fameux des poissons. Maintenant, tu en fais une "brandade", et cela devient excellent. Tu réessayes ta brandade avec du sar, et bien ça plait moins. tu fais ta vieilles à la tahitienne, préparation de la veille, et bien c'est excellent. Autre exemple : les ailes de raies. Mal préparées, c'est immonde. Pourtant, bien cuite avec des câpres, et un beurre noir, c'est excellent. Il n'y a pas de mauvais poisson. Seulement de mauvais cuisto'.
  12. C'est très bon la grise. D'ailleurs il n'y a pas de mauvais poissons, il n'y a que des mauvais cuistots.
  13. C'est cool William!!! Vivement que je revienne vivre dans le Finistère!
  14. les bonnes je ne sais pas. Mais des bonnes si, sans aucun doute.
  15. Arrête ton numéro, tout le monde sait qu'on fait chambre commune!
  16. J'aime pas trop les vins du Languedoc Roussillon. Pas en rouge, encore moins les blancs.
  17. Sont bons les vins de bordeaux, ca vaut presque un vin de bourgogne... Un petit château la rivière fronsac, cuvé aria
  18. Un petit rouge léger, du type vin de Loire (Nicolas Bourgueil, Chinon, sancerre, Saumur...) ça passe très bien. Rarement des vins de garde, souvent jeunes donc, mais qui ont souvent le côté fruité et légèrement acide qui passe bien avec les poissons.
  19. Quelle histoire ces poulpes qui disparaissent à cause du froid! C'est de la poulpe fiction...
  20. j'avoue que je prends généralement plus de plaisir à les enquiquiner un peu sous l'eau, à les observer et à les laisser vivre. Parce qu'ils sont assez rares, et que j'ai envie d'en recroiser plus souvent. Pourtant j'adore cela, c'est excellent en bouche! C'est sympa comme bestiole.
  21. j'en vois dans le 29 sud et nord, mais je n'ai pas souvenir d'en avoir croisé dans le 35 ou 22.
  22. Ils ont foutu le camp à cause de la dette de l'Etat, et le coût trop élevé des soins médicaux...
  23. J'aime beaucoup ton point de vue Kastreg. A titre personnel, je suis favorable à ce que nous fassions tous un effort. Je suis d'ailleurs assez content qu'on interdise la pêche pendant la période de frai. En revanche, j'aime moins ce quota hyper restrictif d'un bar par jour et par personne, car il ne tient pas compte de la réalité de notre pratique. Les plages pendant lesquelles nous pouvons chasser sont très limitées si l'on considère que nous sommes tributaires, plus que pour n'importe quel autre type de pêche, de la météo (entre autres choses). Le quota de 3 bars par jour me paraissait plus raisonnable. L'idéal serait un quota mensuel, mais c'est assez compliqué à contrôler. Quand on voudra se donner les moyens, on y arrivera peut être un jour. Ce qui me dérange le plus, c'est que l'on reporte l'effort de pêche sur l'Atlantique. L'impression globale est que l'on agit d'urgence en Manche, et que l'on attend d'être dans une situation similaire pour agir en Atlantique. Il faut néanmoins reconnaître que la filière professionnelle est fortement impactée, et que sa mutation est cours. C'est certainement difficile à dire, et à entendre, mais elle doit changer, diminuer en taille, et de nombreux pêcheurs devront changer de métier. Je viens de Concarneau. Quand j'étais gamin, je voyais sous le pont du moros des rangées de chalutiers qui partaient au large de l'écosse pour des campagnes de 15 jours. Parfois, on pouvait voir plusieurs rangées de bateau à quai. Aujourd'hui, il n'y en a plus un seul (ou très peu). La moitié de ma famille vivait de cette industrie, et ils ont tous changé de travail. Certains en se réorientant complètement, d'autres en partant dans la marine marchande, certains même sur les plates formes pétrolières. C'était assez triste pour eux, mais gagner de l'argent était devenu de plus en plus compliqué. Ils ont su prendre le virage quand il était encore temps. C'est la vie, quand une ressource s'épuise, il ne sert à rien de continuer à l'exploiter.
  24. Skip résume d' ailleurs cela très bien.
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