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sériole killer

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Tout ce qui a été posté par sériole killer

  1. Je pensais que c'était un poisson assez lent et pas très habile jusqu'à ce je j'en vois sauter pas très loin du bateau, un peu à la manière des raies lorsqu'elles veulent se déparasiter. Un bruit impressionnant lorsqu'il se laisse retomber à plat, et une belle hauteur d'envol dont je ne le pensais pas capable. Compte tenu de la taille, il s'agissait d'un jeune
  2. Un montage sympa que j'avais vu chez nos amis sudafs était d'avoir le moulinet sur le fusil, et le fusil relié au moulinet de ceinture par un petit bungee d'1m. Cela n'avait pas l'air de les gener en chasse, et cas de besoin, ils ont juste à lacher le fusil, le moulinet de ceinture prenant automatiquement le relais
  3. Pour la chasse à l'arc, je ne suis pas d'accord avec Virgili. Il est très rare que le tir tue net, en revanche il faut qu'il soit bien placé. Mais la règle s'applique aussi avec une carabine. A l'arc, 90% du temps l'animal meurt par hémorragie. On place une bonne flèche, on le laisse partir et on suit la trace de sang. Si on a bien tiré, l'animal meurt quelques dizaines ou centaines de metres plus loin.
  4. Merci pour les précisions sur l'Australie, mais je suis très surpris, car il suffit de regarder les photos récentes de Paxman et il y a beaucoup de poissons largement au dessus des 20 kg. Peut être que cela change d'une région à l'autre... ON est d'accord que le système du breakaway est plus adapté aux grosses prises, mais aussi plus sécuritaire. C'est en revanche plus contraignant et moins polyvalent. Pour moi un des critères important est la profondeur : chasser le TDC même petit sur des fonds importants est effectivement quasi impossible au moulinet, de même que touts les gros poissons qui vont chercher le fond. En revanche, si la profondeur est limitée, cela devient plus facile. Je me souviens par exemple de gars qui chassaient le thon du coté de la Camargue, sur des fonds de max 30m. Si les poissons n"étaient pas séchés, ils les tractaient pendant un petit bout de temps puis finissaient par s'épuiser et ils les remontaient à chaque fois. La même chose avec du fond aurait été impossible.
  5. Chaque configuration a ses avantages, l'essentiel étant avant tout de maitriser le matos qu'on a. J'adore chasser au moulinet, et comme je l'utilise toute l'année en Med, c'est plus facile à transposer dans d'autres situations. Au moulinet sur du gros poisson, notamment dans les eaux chaudes, il est certain qu'il faut du matos de qualité, sans quoi cela ne pardonne pas. J'adore cette config qui donne beaucoup de liberté. Quant à dire que le moulinet n'est pas adapté aux grosses prises, il suffit de regarder ce que fait un gars comme Barry Paxman en Australie ....
  6. C'est vrai que la photo est impressionnante, le moment court entre lequel la flèche quitte le fusil et avant qu'elle n'atteigne le poisson....
  7. Il y a pleins de belles marques et de couteaux magnifiques. Le soucis si tu te fais plaisir dans un beau couteau, c'est qu'il faut que derrière tu puisse maintenir un tranchant à la hauteur de l'objet. C'est une technique passionnante, mais si tu n'as pas envie de t'y mettre ou d'investir, l'intérêt est moindre. Tu as aussi des solutions nettement moins chères, mais tout aussi valables pour le commun des mortels. Par exemple un bon opinel à lame effilée en N°12 : ce ne coute pas très cher, et tu peux avoir un affutage très correct (largement suffisant pour lever des filets sans galérer) avec un bon fusil ou deux ou trois bouts de papier de verre de différente grosseur. Et même si tu te rates, compte tenu du prix du couteau, ce n'est pas un drame.
  8. Pas d'infos sur Bali, mais j'avais commandé il y a longtemps un fusil chez André et les sandows étaient une vraie cata : tout mou, aucune puissance, même coupés bien court. Donc ne compte pas trop dessus, à moins qu'il ai changé de fournisseur
  9. Je n'ai pas un vécu énorme sur ces fusils, mais j'ai eu à une époque le BW express pour un voyage à Mada. C'est super costaud, et bien évidemment il faut un certains temps d'adaptation. Perso, je l'ai trouvé très dur à maitriser dans sa version express. Avec le lest d'origine, il coule beaucoup et la remontée quand on descend un peu bas est compliquée. En enlevant un peu de lest, il saute beaucoup et n'est pas précis. De mémoire, Voyageur avait souvent expliqué qu'il fallait absolument les full wings pour avoir une arme précise et équilibrée.
  10. sériole killer

    Syncope !

    Par petits fonds (de 1 à 5 m), on chasse généralement séparés, chacun prenant en charge sa sécu et faisant attention à ne pas trop forcer. On peut chasser à l'agachon à deux par petits fonds, mais c'est un peu technique. Celui qui reste en surface doit toujours se positionner pour ne pas gêner. Bien fait, cela peut être mêrme plus efficace que de chasser seul, mais il faut une bonne coordination.
  11. sériole killer

    Syncope !

    Une seule syncope en chasse (c'est déjà bien suffisant!!) : c'était il y a quelques années, en fin de sortie. Nous avions pêché à trois, donc avec en théorie des temps de récupération convenables, chacun descendant à son tour. Pas de profondeur extrême, puisque nous nous étions limités à un max de 25m, ce qui pour nous restait dans une zone de confort. En revanche, entrainement et condition physique aidant, on enquillait des apnées relativement longues. Sur un spot, je fais une dernière descente, je me pose, et au bout d'un certain temps, je décide d'écourter mon apnée devant l'absence de vie sur le tombant. J'arrive en surface, aucune précipitation à la remontée, surtout que je pense ne pas avoir forcé. Je me tourne vers mes deux coéquipiers, et j'annonce "on change de crèmerie, ici c'est vide". L'instant d'après, je les vois me tenant chacun par un bras, sans que je comprenne pourquoi. Verdict : lorsque je leur ai parlé, ils n'ont entendu qu'un truc incompréhensible, et m'ont vu syncopé en lachant quelques bulles. Comme nous avons pour habitude de toujours être au dessus de celui qui remonte, ils n'ont eu qu'à m'attraper et nous sommes allés direct au bateau. Ce qui m'a le plus impressionné, c'est qu'à aucun moment je n'ai eu l'impression de forcer mon apnée, pensant même écourter la dernière. Une fois la montre vérifiée, cette dernière apnée s'est avérée être beaucoup plus longue que prévue (presque 3mn30), ce qui signifie que j'avais perdu la notion du temps en étant au fond. J'aurai préféré que cela se produise suite à une apnée trop poussée, ce que j'aurai au moins pu identifier directement comme une connerie de ma part. Dans le cas présent, pas de fatigue, mais malgré le rythme ralenti par le fait de plonger à trois, c'est l'accumulation d'apnées longues sur une sortie de plusieurs heures qui m'a poussé à la syncope. Le plus inquiétant est qu'il n'y a eu aucun signes précurseurs. J'y repense souvent, et j'ai d'ailleurs pas ma lever le pied sur la durée de mes apnées.
  12. Je n'en ai jamais vu en chasse, en revanche j'ai le souvenir d'un jeune qui avait effectué une série de sauts hors de l'eau assez impressionnante, à quelques mètres seulement de notre bateau. Confirmation, ca peut nager vite!
  13. Du pur bonheur. Admiratif des conditions dans lesquelles tu voyages!!!
  14. Merci pour ce récit et ce partage d'émotions. Ca remet souvent les idées en place de voir la force et la joie de vivre de ces personnes un peu différentes, mais aussi de rappeler tous les sacrifices qui sont faits par amour par leur entourage.
  15. Meme retour sur le Dragonian. Lors d'un voyage à Mada, mon pote Seb avait investi dans ce flingue et n'a eu que des problèmes. Les balasts s'effritaient aussi, à tel point que sur un tir, celui de gauche a été fendu sur toute la longueur par le fil, bloquant la flèche, et laissant un TDC gros comme une barrique partir sans une egratignure.... Pour les Hamilton, ils sont magnifiques mais là encore grosse déception. Mon cousin avait investi dans un modèle Tuna, avec 5 sandows. IL a du réduite petit à petit la puissance, et nous avons passé 2h a faire du tir sur cible pour voir qu'il fallait corriger fortement la visée pour mettre dedans. Quelques tdc foirés, idem sur un joli YFT à Ascension. Il est aux Fidji en ce moment pour les TDC, et est parti cette fois avec un Abellan en 140. J'attends son retour....
  16. Mon cousin a chassé la bas sur le nord de la cote est, avec une bande de pote sudaf... Quelques jolis poissons, une eau très sale, et la frayeur de sa vie : il a été suivi du fond jusqu'à la surface par un petit blanc, qui est venu le "renifler" deux fois en surface. Il l'a piqué du bout du fusil, et a réussi à hurler vers le bateau. Le pilote a tout de suite vu l'aileron et a foncer sur le requin. Il a coupé les gaz juste avant de lui passer dessus (le dessous du bateau est renforcé par une bande inox pour pouvoir beacher). Le requin a filé et mon kouz a pu remonter à bord, blanc comme un linge, devant une bande de sudaf hilares!!!
  17. Magnifique!! C'est vrai qu'il est tout petit... Ces animaux font vraiment parti des plus belles choses que j'ai vu sous l'eau. Tellement énormes et tellement majestueux : spectacle inoubliable
  18. Je sais bien, et c'est pour cela que je dis qu'à chaque endroit son matos. Après, pour Ascension, comme un peu partout, ce n'est pas toujours la même musique. Sur les mages de C Coates, ils ont passé quelques centaines de kg de sardines pour arriver à les faire monter, et ça marche. Je sais que le Chinois en revient, et que cela ne marche pas toujours. Mon cousin y a aussi fait un séjour, et il aurait surement fait beaucoup mieux avec un fusil comme le tient, car les thons passaient vite et loin lors de cette session.
  19. Ca devient un peu un dialogue de sourds, chacun prêchant pour sa paroisse. Si tout le monde semble d'accord sur quelques grands principes, pas un seul d'entre nous ne chasse dans les mêmes conditions ni sur les mêmes zones. Avec un peu d'expérience, on finit par optimiser son matos pour SA chasse, mais de là à vouloir en faire une vérité absolue!!! Voyageur qui ne cherche que les grands pélagiques dans le bleu ferait sourire s'il faisait toutes ses dérives avec un 130 moulinet ! Adzhoo pour ses gros thons jaunes du Panama a besoin de tirer loin et vite, et ne jure que par le Wong. Pourtant les gars à Ascension font des YFT beaucoup plus gros avec de simples fusils carbone 2x16 et flèche de 7.5. Il y a pourtant pas mal de chance qu'avec ce matos il fasse capo au Panama. Chez Marco, dès que le poisson nage plus de quelques mn, il est bouffé par le requin. DOnc que le poisson sonde avec un fil de moulinet ou une floatline au cul, de toute façon peu de chance de le ramener : il faut le tirer KO A Mada, mis à part sur des sorties spécifiques, on peu chasse essentiellement des poissons jusqu'à 20kg, avec la chance de voir surgir de temps en temps un monstre qu'on peut tenter si il n'y a pas trop de fond et qu'on a le bon moulin. Je me souviens d'un pote qui tirait il y a longtemps de ça les thons rouges dans la région de Montpellier : fusil 120 double sandow et gros moulinet. J'étais super septique sur le fait qu'il arrive à les sortir, avant de comprendre que son spot était un grand plateau avec 30m de fond au max, et que le poisson ne pouvait jamais sonder. Il contentait de se faire trainer jusqu'à épuisement du poisson. Faire la même chose avec des poissons même plus petit dans le bleu : impossible. Le fait d'avoir un peu voyagé montre qu'on a rarement des leçons à donner aux locaux, et que mis à part si ils sont limités pour des raisons financières, les chasseurs du coin ont souvent la technique et le matos le plus adapté. Il suffit de voir des champions du monde (des vrais) prendre une vraie leçon par les gens du cru qui sont dans leur jardin.
  20. Sans bateau, oublis les balises, c'est beaucoup trop dangereux à cette période de l'année. Lorsqu'on va dessus ou sur les secs, on est obligé de pêcher presque à la verticale du bateau, avec des drapeaux partout, et ce n'est pas toujours suffisant pour éloigner les fous furieux.
  21. Tu peux te mettre à l'eau depuis le camping, en respectant la zone baigneur. Tout le golfe est bon, mais concentre toi sur le lever du jour, et le soir. Tu vas vite voir que passer 10h du matin, on a plus le sentiment d'être sur une autoroute que dans l'eau. Bouée de signalisation obligatoire, et mefie toi des gens qui partent pêcher ou se balader et qui pense que lorsqu'on est tot sur l'eau, on peut tout faire.
  22. Les premiers Mamba produits par Steve Ellis était des fusils faits sur une base de RA 150 avec un habillage carbone, et pour Ascensions, il les montait en 2 x 14 et flèche de 7.Avec ce set up, ils ont sortis beaucoup de gros YFT dans les conditions de pêche qui sont très spécifiques à l'endroit. Pour les TDC, ceux qui utilisent ce gun sont vite passés en 2 x 16 et flèche de 7.5. C'est ce que j'ai utilisé à Mada, et un pote de Steve a fait un beau 80 kg en Tanzanie avec ce montage. Puis Steve est passé au roller, toujours avec son fut retravaillé, mais cette fois sur une base de 130. Les premiers fusils étaient montés avec un sandow unique de 18, et une tête roller du commerce. C'est avec ça que MJK et Chris Coates ont filmé les videos. Depuis, Steve a un peu avancé sur le sujet, et fait maintenant fabriqué ses propres têtes roller, et les monte aussi sur des fusils plus courts, C. Coates ayant récemment avec succès un 100 avec un gros sandow pour le roller et un booster. Pour MJK, si c'est bien evidemment un très bon chasseur, qui en plus fait souvent des kill shots, n'oubliez pas que sur les vidéos il ne met que les tirs réussis.....
  23. Même chose, jamais eu de grosses déceptions avec le matos RA, avant tout fait pour du poisson "moyen". Riffe a une orientation BW beaucoup plus prononcée sur son gros matos, avec des produits vraiment spécialisés. Les flèches RA restent certainement un des meilleurs rapports qualité / prix que l'on puisse trouver. Pour anecdote, Colin Chester à Ascension, a fait une série de 13 YFT (allant de 60 à plus de 100 kg) avec son mamba (base RA carbone en 150 customisée), flèche RA de 7 doubles ardillons et deux sandows de 14. Après le 13ème thon, la flèche était irrécupérable et il a du changer... Pas mal pour un bout de métal qui en AFS est vendu autour de 12 euros....
  24. Pour l'OCeanborn, il était dans une config plutôt costaud au début (4 x 16) avec une flèche de 8 A près plusieurs essais, il a fini avec juste deux sandows coupés court qui ont lui permis d'être très précis, tout en conservant une bonne distance de tir. Il est juste repassé en 3 sandows lorsqu'il mettait une pointe détachable.
  25. Avec un peu de retard, un petit CR de notre dernier trip à Mada, déc 2015..... Je me ventile pendant que la dérive s’accélère. Je sais qu’il faut être prêt à descendre à tout moment, et que tout se jouera en quelques secondes. Alors que je regarde le fond défiler 20m plus bas, j’entends la voix de Georges qui hurle : « thon » !! C’est le signal : je bascule en avant, et file vers le fond, le palpitant à 200 et le regard qui balaye devant moi. Stabilisé à quelques mètres du fond, je regarde droit devant moi avant de tourner la tête à gauche : deux barriques argentées me fixe du coin de l’œil, comme immobiles dans le courant. Le thon de tête est surement le plus gros que je n’ai jamais vu. Tout semble trop beau : je suis sûr de mon coup, et tourne le fusil vers la tête du premier poisson. Je mets un coup de palme pour être à portée, mais plus je pense me rapprocher et plus le thon s’éloigne. Compte tenu de la taille du poisson, je veux assurer un tir parfait. Et alors qu’il me manque 1m pour assurer le coup, je comprends vite que je ne pourrai pas lutter contre le courant et me mettre à portée. J’enrage, mais il faut réagir vite. SI les deux premiers thons sont maintenant trop loin, il me reste les quatre suivants. Ils sont beaucoup plus petits (du moins c’est ce que je pense), et malgré la déception, je veux en assurer un. Les occasions sont rares sur ce poisson, et celle-là ne durera pas. Comme avec les deux premiers, les thons commencent à s’éloigner doucement. Deux gros coups de palmes et je suis en position : je lâche le tir qui ne sèche pas le poisson. Démarrage en trombe que je contre tant que je peux en remontant avec la floatline dans la main. J’agrippe le cul de la bouée et passe devant un Georges médusé en me faisant tracter comme un leurre de traine. La puissance du thon est phénoménale, et même si j’aurai aimé le sécher, je prends un pied d’enfer. Put…. que c’est bon !!! LA CROISIERE S’AMUSE Pour cette énième pérégrination malgache, nous avons abandonné la douceur de vivre des plages de Nosy Komba pour la douce, et opté pour une version tout cata : Alors que le groupe des « Normands » fait le tour d’ouest en est, nous assurons le retour du bateau après une vibrante passation de consignes au Taxi Be de Diego, négociée à grands coups de binouze et des Caipi. Dernière nuit avec un semblant de clim dans un petit hôtel de la ville, et nous retrouvons Anto et l’équipage dans une petite baie de Diego. Le bateau est à nouveau celui de Serge, et les deux ou trois commentaires de l’équipée précédente nous laissent entendre que le bonhomme n’a pas beaucoup changé. Anto, résigné, préfère nous faire rêver avec les notre futur terrain de jeu. P’tit Nico nous ayant fait faux bond avec des excuses toutes moisies, la horde sauvage se compose cette année de récurrents de la destination et d’un petit nouveau. Si Seb (Miss Saigon), Jean Seb (le banquier londonien), Tom (le capitaine breton) et ma pomme sommes de retour dans les eaux malgaches, Georges vit lui sa première expérience hors de sa Méditerranée natale. Depuis quelques années, nous partageons presque toutes nos sorties à la recherche des dentis, sérioles mais aussi des bécasses, et depuis qu’il m’entendait parler de moulinets qui sifflent et de bouées qui coulent, il a fini par sauter le pas et se joindre à notre expédition. Pas de temps de se répartir les cabines ou de boire un coup, le capitaine a besoin d’encore un peu de temps pour préparer le bateau. On balance donc la tonne de sacs, de sportubes et de matos dans les filets avant du cata, on enfile la combi et les palmes, et nous voilà après quelques minutes filant vers le sud pour les premières apnées du séjour. Pas de montages lourds, et juste les flingues équipés de moulinets, en l’occurrence des RA 140 pour la plupart. Pour la plupart, car Seb et en partie Tom ont cédés aux sirènes des flingues à roulette et des sandows qui pendent partout. Pas convaincu, j’attends tel St Thomas de voir leur artillerie à l’œuvre. Pour notre grand bonheur, c’est à nouveau Kiki qui officie comme marin : sourire permanent, œil de lynx, et c’est à lui que nous devrons de vivre dans les doux effluves de poisson pendant tout le trip. En effet, le deal est de tirer essentiellement les pélagiques, qu’avec son habilité légendaire il prépare au sel et fait sécher à l’avant du bateau : aucune perte, et à chaque escale avec un village dans le coin, il arrivera à revendre son poisson. L’eau est toujours aussi chaude, et la première descente aussi excitante. En fait, le fond se révèle un peu tristoune, pas beaucoup de structure, et surtout une vie de récif assez pauvre. Bref debrief avec Anto, et il semble qu’il faille se consacrer au poisson de plein eau. Quelques petits thazards furtifs, avant que Jean Seb ne voit passez un YFT à toute vitesse. Je fais équipe avec Seb, et nous voyons un tout petit TDC pointer le bout de son nez. La pression remonte un peu, et Jean Seb ouvre magnifiquement le bal avec un thon de 20 kg. Le poisson est bien tiré, et il le sort sans trop de peine. C’est son plus gros à ce jour, et comme en plus il l’a fait au moulinet, il a sacrément la banane. Dans la foulée, je peux aussi ouvrir mon compteur avec un poisson de 13kg. Tiré d’un peu loin et un peu bas, il me vide presque tout le moulin avant que j’arrive à la saisir. La première sortie donne le « thon » : le début de séjour sera consacré au TDC et rien qu’à ça, ce qui nous va parfaitement. Retour au bateau, prise de possession des cabines ou des couchettes sur le pont. Il nous aura fallu un peu de temps pour nous acclimater et arriver à faire une nuit correcte. Dans la couchette, les premières heures sont infernales : pas un souffle d’air et une chaleur écrasante. A peine couché, on se met à ruisseler à grosses gouttes. En revanche, au milieu de la nuit, lorsque la température baisse, cela devient beaucoup plus agréable et le sommeil plus profond. A l’étage du dessus, c’est le contraire… Ce qui ne change pas, c’est que l’on mange toujours aussi bien à bord. Après une petite douche et un apéro mérité, on peut récupérer les calories perdues et mangeant le poisson du jour sous toutes ses façons, et mêmes les desserts sont au top !! Et nous disposons de toutes les excuses nécessaires pour ce qui accompagne : la bière pour se réhydrater, le pastaga pour les maux de ventre, le whisky pour désinfecter !! Après cette première journée et chauffe, et une fois tout le monde en place, on lève l’ancre pour notre première étape et le fameux hot spot du Cap d’Ambre. Aux dires d’Anto et de l’équipe précédente, il s’agit de THE place pour faire du gros TDC, et surtout dans des conditions inédites pour nous. En effet, finis les tombants vertigineux, les poissons qui sondent, les requins qui montent du fond, les bouées qui explosent, et tout ce qui jusqu’à maintenant correspondaient à notre version de la chasse du thon dents de chien. Ici, les poissons circulent sur un plateau entre 10 et 20 m de fond, avec un jus d’enfer. La dérive est longue, les apnées peu profondes, toute la difficulté étant d’être sous l’eau au bon moment. Mis à part en tout début de marée, lorsque le courant est encore un peu faible, impossible de descendre à vue sur le poisson. Fort de l’expérience du groupe précédent, on forme donc deux binômes, Jean-Seb voulant tenter le coup seul. On se retrouve donc avec un guetteur devant, les yeux rivés sur le fond qui défile, et un chasseur quelques dizaines de mètres derrière, prêt à couler sur le thon une fois l’alerte donnée. Le concept est un peu frustrant au début, et tout le monde flippe un peu à l’idée de se retrouver avec un gros banc de TDC dans les palmes sans pouvoir tirer, en simple spectateur de son coéquipier. C’est d’ailleurs ce qui se produira à quelques reprises, mais au final, tout le monde à peu faire du poisson et surtout les prises ont été assurées. La première dérive ne donne rien pour moi ; je passe donc le fusil monté sur la floatline à Georges et prend le RA 140 avant de me laisser porter par le courant. L’eau est claire et le jus pas encore très fort. La dérive se fait lentement, le fond alternant patate de corail et taches de sable. La vie est bien présente, et le flasher qui pend sous mes palmes fait monter tour à tour des tortues, des raies et parfois un gros barra. Je commence à sombrer dans le contemplatif quand un magnifique banc de TDC apparait au leurre. Juste le temps de hurler le signal à Georges, et je le vois filer vers le fond. Le banc s’écarte sauf un poisson qui tourne et s’éloigne. J’agite le flasher, il fait demi-tour et revient droit sur le chasseur. Georges a tout le temps pour l’ajuster et le sèche net, la flèche de 8.5 transperçant la tête du poisson de part en part. Vu de la surface, le spectacle est hallucinant. Georges remonte le poisson dans la foulée, sans avoir l’air de réaliser que pour une première, il a fait très fort. Il nous a fallu à nous quelques voyages, un paquet de poisson croisés, quelques-uns tirés, du matos perdu, avant d’arriver à mettre un thon digne de ce nom dans la glacière !!!! Les autres ne sont pas en reste puisque Jean-Seb a profité de ses premières dérives pour épingler un thon de 40 kg (son record). Seb et Tom, quant à eux, ont décroché un premier poisson après un combat épique et une floatline pas assez bridée. On commence à prendre le rythme et le moral à bloc, on enchaine les dérives à tour de rôle. C’est à nouveau à moi d’être en tireur quand Georges aperçoit les thons. Il me hurle de descendre, j’entends son cri un peu tard, et le temps d’être sous l’eau, le TDC est train de s’éloigner. Le courant a forci, mais j’arrive à me mettre à hauteur et je lui balance mon bout d’inox. Le poisson démarre, je le bride comme un malade, avant qu’il ne rende les armes assez vite. Et nous voilà avec un nouveau 30 kg dans le bateau. Après avoir essuyé tellement d’échecs les années passées, le spectacle de tous ces thons dans le bateau est juste hallucinant. SUPERMAN ET LA GT Après l’épisode TDC, Anto nous propose de se décaler de quelques km, pour une expérience assez unique. On attaque la dérive sur un plateau d’une quinzaine de mètres, avec beaucoup de patates de corail et de faille. Le plateau remonte doucement, pour finir sur une pointe située à quelques mètres sous la surface. C’est à cet endroit que le groupe précédent est tombé sur un banc d’énormes igno. La difficulté vient de la force du courant. Tout le jeu consiste à se laisser dériver sous l’eau pour être en face du poisson à bon moment, le jus empêchant presque de tourner le fusil. Enfantin me direz vous pour qui vit dans les eaux du nord, un peu déroutant pour des gars du sud…. J’attaque la première dérive avec Jean-Seb et Georges. Ce dernier et moi avons pris nos 140 RA & moulinet, JS son Oceanborn en 145 relié à un moulinet de ceinture. Il veut l’avoir en main avant les gros TDC, et essayer son nouveau set up de sandows. On enchaine les apnées à tour de rôle, en se laissant planer au-dessus du fond. Une fois qu’on a chopé le truc, cela devient même grisant de s’amuser à le frôler, à s’engouffrer dans une faille au milieu des poissons de récifs, à petit à petit à se prendre pour un super héros en vol au milieu de la ville. Pas mal de joli poisson de récif, mais tout le monde retient son tir en attendant les grosses mémères argentées. Georges attend que je remonte et descend à son tour. Je le suis depuis la surface, même si je dérive un peu plus vite que lui. Tout à coup, je le vois se décaler sur la droite : une magnifique GT lui arrive droit dessus. Avec le peu de fond, elle parait énorme. Il lâche le tir et la prend derrière les ouïes, mais le poisson démarre avec la violence inouïe. Jean Seb fonce dessus pour la doubler, mais avec le courant, il n’arrive pas à la rattraper. Je palme en sens inverse, et compte sur le fait que la carangue va changer sa course pour se frotter au fond. Perfect timing : nos routes se croise, et je lui mets à flèche en pleine tête, la séchant net. Alors qu’un petit sourire d’auto satisfaction éclaire mon visage, je me retrouve face à face avec deux énormes igno, la plus grosse dépassant les 50 kg, avec ma flèche dans la tête de leur petite sœur, et mes sandows qui pendouillent. Grand moment de solitude… Jean Seb a bien suivi la scène et leur coule dessus. Les poissons s’éloignent, il arrive à placer son tir, mais au premier coup de queue la flèche se décroche. Au final, notre Gorgio national se retrouve pour ses grands débuts dans les eaux malgaches avec un TDC de 26kg et une igno de 30 !!! Trop facile la chasse en exo… Il est prévu de passer au moins trois jours sur ce spot pour l’exploiter comme il faut. Si dès que les conditions sont réunies nous sommes sur le spot à TDC, nous alternons avec quelques secs au large et de la pêche dans les cailloux. SI les poissons de récifs sont de taille modeste, leur quantité est en revanche certains jours totalement hallucinante. Et le spectacle, une fois posé au fond, est une invitation à la zénitude totale. La douce impression d’être au fond d’un aquarium géant, avec un tapis de poissons de roche se balançant dans le courant. Il y en a de toutes les couleurs, et même si aucun gros prédateur ne pointe son nez, on se fait plaisir en épinglant quelques poissons pour le diner. Je repère une belle babone et l’indique à Georges qui n’en a encore jamais tiré. Elle pointe le bout de son nez sous une grosse dalle de corail, où pas d’autres poissons ont trouvé refuge. Le grand Gorgio se ventile, approche doucement du fond, et après un long agachon devant l’ouverture finit par balancer son tir. Je suis content qu’il goute à ce poisson…. Sauf qu’il embroche en fait une sorte de petit mérou très laid, et que pour accélérer sa remontée, un des rares requins que nous croiserons lui monte dans les palmes avant de repartir vers le fond. Bref, la babone, ce n’est pas encore pour ce coup là !! Lors de nos dérives sur le plateau, nous croiserons plusieurs très gros thons, dont certains avoisinent surement les 80 kg. Je suis notamment à deux doigts d’en sécher un énorme, mais doit finalement me rabattre sur un petit qui suivait. Alors que je le crois proche des 25 kg au moment du tir (il faisait la moitié de ceux à l’avant du banc), il accusera un joli 42kg sur la balance qui me laisse pleins de regrets. Seb réussit lui aussi a accroché son TDC, avec un beau poisson de 30kg. Alors qu’il nous expliquait la veille son tir inoubliable sur une sériole dans la queue, il réitère l’exploit avec son thon. Alors qu’il part en poursuite sur le poisson au ras du fond, il le vise plein crâne… et lui casse la colonne au niveau de la queue. Stratégie ou pas, il sort le poisson dans la foulée et immortalise l’instant. Ce sera malheureusement la dernière fois du séjour que nous le verrons avec un grand sourire. Il commence à se sentir un peu moyen pendant le reste de la journée, et finit couché au fond du bateau. Ce que nous pensons être un petit coup de chaud se révèlera plus grave. Alors qu’on le laisse se reposer, on profite de la fin de journée pour un petit coup de pêche à la canne. Quelques touches en jig, quelques petits poissons sur ligne fine, avant que l’inévitable Georges (qui n’a jamais combattu un poisson sérieux à la canne) ne finisse son grand chelem avec une magnifique GT à la traine. De retour au bateau, la situation est moins drôle. Seb, pourtant très dur au mal, est tordu en deux, n’arrive plus à marcher, et a besoin de soins. Malheureusement, la nuit est tombée, la marée nous empêche de quitter l’anse dans laquelle nous avons mouiller, et nous serons contraints d’être les témoins impuissants de la nuit d’enfer qu’il va passer. Dès les premiers rayons de jour, nous levons l’ancre pour rejoindre un village de pêcheur dans lequel Anto arrive à faire venir un taxi. Nous partons avec Seb pour retraverser le nord de l’ile d’ouest en est, et repartir à Diego où se situe le meilleur hôpital. Chaque trou ou bosse sur la route rajoute un peu au calvaire de Seb, qui est à deux doigts de s’évanouir lorsque nous arrivons enfin à l’hosto. Grosse rétention urinaire diagnostiquée, et une fois sondé et délesté de presque 6 L , il retrouve enfin le sourire. On le laisse se reposer, et en attendant le diagnostic du lendemain, on se paye luxe d’un diner à terre, mais surtout d’un petit hotel de Diego avec chacun sa chambre climatisée ! Un peu d’espace et du frais !! Le lendemain, on espère tous que le grand malade sera d’attaque. Il a l’air un peu mieux, mais reste très inquiet du diagnostic qu’on lui donne. Le médecin en chef lui fait passer une écho à laquelle nous sommes tous conviés à assister : il est formel et déclare avec une assurance à toute épreuve que la prostate est parfaite. A son retour en France, Seb fonce chez un spécialiste qui verra vite qu’en fait sa prostate à doubler de volume, et qu’il a en fait une prostatite aigue, résultante d’un joyeux cocktail de stress, de fatigue et de surmenage soigné à grand coup d’automédication. Bref, Seb se rend vite à l’évidence qu’il ne pourra pas remonter sur le bateau. On l’abandonne pour qu’il prenne quelques jours à se remettre, et il nous retrouvera directement à Nosy Be pour le départ en France. C’est donc amputé de notre Dim Sum préféré que nous faisons le chemin en sens inverse pour embarquer sur le cata et poursuivre le périple. L’ambiance est un peu lourde, mais deux ou trois tournées générales, et on décide de rendre hommage au malade en allant flinguer TDC et tazards. La parenthèse « visite des hopitaux locaux » a un peu plomber notre emploi du temps, et il va falloir faire des choix. La journée est bien avancée, et Anto nous laisse deux options avant de rejoindre le mouillage du soir : chasse de récif en progressant, ou trois heures de coques rapides pour aller sur un spot magique, sur lequel nous aurons tout au plus une petite heure de chasse. Même si nous ne sommes pas emballés par le ratio trajet / chasse, il arrive à nous convaincre. On a tous un peu la tête dans le seau, et Tom annonce la couleur : il n’est pas en forme, n’a pris que son flingue à roulette qui ne tir par droit, et il se contentera de tirer depuis la surface. Arrivés sur zone, on retrouve nos chers tombants. Le soleil a déjà commencé à se rapprocher de l’horizon, mais l’eau reste claire. J’attaque ma première dérive avec Georges. Je lui laisse la priorité, et le premier thon qui monte sera pour lui. Si nous voyons du thon….. car pour le moment, ni la mange ni les prédateurs ne nous font monter le palpitant. Retour au bateau, où Tom nous attend avec un sourire ultra bright et un magnifique TDC au fond de la coque. Et monsieur qui ne se sentait pas en forme…. La motivation remonte d’un coup, tout le monde à la baille, et bis repetita : on ne voit pas une écaille alors que l’autre équipe est entourée de thons dont un beau spécimen de 30 kg est épinglé par Anto ! Dernière dérive : Tom le Calimero de Breizh frappe à nouveau et s’offre un doublé !!! Il enfonce le clou en jurant que c’était tellement facile, qu’ils étaient calmes, et qu’en plus il n’a pas eu besoin de descendre profond… Heureusement, deux poissons nous montent aussi au flasher, sans quoi je laissais Tom rentré à la palme avec ses deux thons à la ceinture. Comme prévu, Georges descend et tire le TDC avant qu’il ne reparte. Deux requins, qui avaient visiblement décidé de se taper un petit tartare pour le diner, montent sur le poisson pendant que je coule dessus. Je pique le premier qui s’écarte, idem avec le second. Pas très motivés, ils repartent au fond : ça change de certaines séquences un peu chaudes sur le Castor ou l’Intermédiaire ! Bilan de cette heure passée dans l’eau : 4 TDC et une séance photos au top pour les heureux élus. Bref mais intense. On arrive à la nuit au bateau, et Kiki a déjà profiter du trajet retour pour vider, fendre et saler les poissons. C’est sur ce dernier fait d’arme que nous rangeons les affaires de blue water et disons adieu aux tdc pour faire cap sur les Mitsio et ses spots à thazards géants…. THAZARDS EN FOLIE ET SINUS QUI CHANTENT En arrivant dans la baie, l’ambiance change radicalement. L’eau se teinte, on quitte le grand large, et on retrouve une chasse que nous aimons bien, semblable à celle autour de Nosy Be, la taille des poissons en plus. Petite halte pour boire un verre dans un des camps de pêche où nous étions arrêtés l’année dernière. Grosse déception, car il a fermé et il ne reste plus que deux vieux cleps pas farouches qui nous observent l’air blasé. Ambiance de fin du monde, avec ces bâtiments vides, cette grande place déserte. On décide passer un coup de tel à Seb pour prendre des nouvelles. Mais pour cela, il faut du réseau…. Poussé par son sens de l’amitié et son gout du risque, Tom commence à escaler un des gros arbres du camp pour prendre de la hauteur. Malgré ses prouesses, aucun signal qui nous permette de contacter le malade. Retour au cata juste à temps, avant que le ciel ne s’ouvre en deux avec une belle averse tropicale. Le hot spot de cette deuxième partie de séjour est ce plateau où Anto nous avait emmené l’année dernière. Une longue dérive sur un fond entre 10 et 15, qui se termine par une remontée à quelques mètres sous la surface. Beaucoup de mange, et surtout un type de poissons fourrage, qui font pensé à des gros sévereaux, et que nous ne verrons qu’ici. Comme souvent avec les thazards, le flasher permet de les faire monter dans l’eau sale, même si le fait de se laisser dériver quelques mètres au-dessus du fond est souvent payant. Anto aime les Tdc, il aime aussi les carangues, les aprions, a fait son premier sailfish, mais quand on lui parle de thazard, ses yeux brillent comme jamais. C’est son poisson, celui qui le fait ban…., et surtout celui sur lequel il met tout le monde d’accord. Mais comme il guide, d’abord priorité aux pêcheurs. On enchaîne les dérives en binomes, et les gros thazards se succèdent dans le bateau. Pas de massacre, mais chacun arrive à tirer deux ou trois beaux poissons dans la journée. Pas de records, mais un sacré pied avec ce poisson fabuleux. L’arrivée d’une de ces poutres argentées dans l’eau sale, avec sa gueule anguleuse, a quelque chose de magique. Si le tir se fait souvent dans de bonnes conditions, le rush qui suit si le poisson n’est séché est impressionnant. Et comme le spot est bien garni en petits requins casse-couille, la montée d’adrénaline qui s’en suit est garantie. Ce plateau de donnant qu’avec un courant bien établi, le reste de la pêche se fait autour de cailloux, de petits ilots, avec en toile de fond les paysages fascinants des Mitsio. C’est une pêche très opportuniste, et plus variée que celle des thons. On cherche dans le désordre les thazards (avec une maille un peu costaud), les carangues de toute sorte, les aprions qui demandent souvent des agachons interminables, et à l’occasion un beau barra solitaire. Comme en Med, la vie est souvent très concentrée. Quand on tombe sur le bon endroit, il vaut mieux être prêt… Alors que je remonte d’une dérive avec Georges sur le bateau, on voit Anto dans l’eau qui fait de grands signes, fusil déchargé. Il a tiré, et visiblement il lui faut un coup de main. Kiki nous jette à l’eau, et je nage aussi vite que possible vers lui. L’eau est un peu laiteuse, et je suis son fil sous l’eau. Il vient de tirer un gros barra, mais ce n’est pas de l’aide qu’il demande !! Une magnifique GT essaye de lui bouffer son poisson, et Anto gère ce rodéo sous-marin en attendant notre arrivée. Une bouffée d’air et je fonce vers l’igno qui commence à s’éloigner. Je lui balance une flèche mais ne la sèche pas. Elle démarre dans le sens du courant et fonce vers l’ilot devant nous. Je tire comme un forcené pour reprendre du fil, car je sais que Georgio me suit et qu’il pourra la doubler. Le fond remonte, et je la vois s’engouffrer dans une faille. Je la bride, et vois son bout de queue gris qui sors du rocher. Je descends sur elle pour essayer de l’attraper, et me tape une peur bleue : le bout de queue est en fait celle d’un beau requin de 2m qui essaye de bouffer ma Gt, et qui se retourne face à moi. Le sandow de mon fusil déchargé autour de bras, je me retrouve comme un con. Aussi surpris que moi, le requin m’évite et se barre à toute vitesse. C’est aussi le moment où Georges arrive et double la carangue qui finit au bateau. Plus que deux jours de chasse et les choses tournent mal pour moi. Alors que tout le monde semble prendre le rythme, mes sinus me trahissent et dès les premières apnées, le frontal se bloque, et l’oreille gauche ne passe plus. J’ai malheureusement suffisamment de recul sur ce genre de situation pour savoir que je risque de rester au sec jusqu’à la fin. La journée est magnifique, l’eau cristal à certains endroits, et je passe la journée à bord avec Kiki à faire le marin. Même si j’enrage de ne pas être à l’eau, je prends un certain plaisir à voir les autres chasser. Avec un peu d’habitude, à la façon dont le chasseur nage en surface, à son temps d’apnée, à sa façon de faire son canard, on arrive presque à prévoir à chaque fois si il a vu quelque chose ou si il va tirer. La fine équipe refait un petit tour sur le spot à thazards, et avec un simple beuchat en 110, Anto qui a décidé de chasser un peu nous fait un festival : 1 apnée = 1 poisson, et souvent de belle taille. Le dernier jour je suis toujours au sec, mais cette fois je prends à bord mes cannes de lancer et de jig pour participer à la fête. Malheureusement, cette dernière sortie est la plus calme de tout. Pas ou peu de poisson, souvent petit, et certains commencent aussi à avoir les sinus qui chantent. Jean Seb est en pleine bourre et enchaîne les descentes de plus en plus profondes, Tom profite de l’eau chaude avant d’attaquer son hiver breton, et Georges savoure la fin de son premier voyage tropical. Une fois les affaires pliées, le cata nous débarque sur la grande plage d’Ambatoloaka. Nous avons réservé une grande villa pour la dernière nuit, dans laquelle Seb nous attends depuis deux jours. Joies des retrouvailles, et surtout content de le voir sur pied et avec le sourire. Chacun a sa chambre climatisée, et l’opération rinçage / séchage de matos commence, avant de remballer notre tonne de matos. Une fois l’attirail et les bonshommes mis au propre, direction un des rades du coin pour notre dernier diner tous ensemble. Après le calme et le confinement du cata, le bruit et l’agitation nous filent le tournis. Les THB et la caipi aident aussi un peu. On refait le voyage, chacun y va de son anecdote, chaque poisson raté ou décroché prend quelques kilos au passage, et chaque agachon quelques mètres et minutes. Gros fou rire quand un malgache d’un âge avancé vient chanter à la table avec une espèce de petit instrument à cordes de sa fabrication. Un son aussi pourri et inaudible que sa voix, mais une version revisitée de « la poupée » de Polnareff qui restera dans les annales. EL MATOS Avec les années et le recul, on commence à être de plus en plus au point avec le petit matériel : combis, couteaux, floatline, bouées, etc… La commande générale qu’Anto passe avant notre arrivée nous permet d’avoir un stock de flèche suffisant pour le séjour. Au rang des petites déceptions, ma Gopro qui me plantera avant même de me mettre à l’eau, mais pour le reste, tout tient plutôt la route. Mais comme chaque année, ce sont les fusils qui posent le plus de question. Si pour nous les 130 et 140 RA en carbone sont la référence pour la chasse de récif, c’est pour le thon que les choses se compliquent. Depuis que je m’intéresse à ce foutu poisson, ont été essayés au fil des voyages par notre dream team : RA 140 en montage break away, Teak sea AZI 120, Riffe Bluewater express, Betty blue de l’ami Nikos, André Speargun, Mythicon Dragonian, RA 160, Mamba 150, Oceanborn 145, roller Blue Elite et enfin Abellan 130. Bref, on ne pourra pas dire qu’on s’est focalisé sur un modèle…. Beaucoup de ces fusils sont très bons, mais sans grand mystère, ils demandent un peu de pratique et d’habitude pour se révéler performants. Or ce genre de flingue dans nos eaux…., il n’y a pas beaucoup d’occasions pour ce faire la main. Comme l’année dernière, le Mamba a permis de sortir pas mal de thons. Base de RA 150 customisé avec un habillage carbone, un mécanisme inversé en inox qui permet d’avoir presque 160 d’étirement de sandow, et une flèche de 7.5 double ardillon. Cette fois, je l’avais monté avec deux sandows Sigal reactiv Evo en 16. Mais pour ce trip, la très bonne surprise est venue de l’Abellan. Si le 120 est pour moi le meilleur fusil pour la chasse en Med sur le denti et la sériole, le 130 est lui beaucoup plus massif. Monté avec une flèche hunt en 8.5 et trois sandows courts Sigalsub Extrem en 14.5. Chaque TDC tiré a été transpercé, même de loin et tiré en pleine tête. Et tout cela en restant relativement maniable dans le courant. La grande discussion est plus venue du montage fait sur nos fusils. L’équipe des « Normands » étaient équipées « lourd » : gros fusils bois, teak sea Dr Fish ou T8, et surtout câble acier et pointe détachable. A la vue de leurs résultats et des poissons sortis, Anto nous a mis un gros coup de pression sur la nécessité d’avoir un set up identique, surtout sur les spots du nord. Pour lui, c’était une des clefs de la réussite. Ok, mais le gros soucis est que nous étions arrivés avec uniquement des flèches à ardillons, plus en adéquation avec les fusils que nous avons. Malgré notre différence de point de vue, je suis resté assez confiant surtout avec les RA et leurs deux ardillons décalés. De toute façon, trop tard pour changer quoi que ce soit. Ne restait plus qu’à s’appliquer sur les tirs…. Et les faits nous ont prouvé que les deux méthodes se valent, chacune avec ses avantages !! Sur 16 TDC tirés pendant le trip, nous en avons sorti 13, tous à la tahitienne. Et sur les trois décrochés, un a été tiré de trop loin faute une sécurité enclenchée sur un RA. Bref, certainement le meilleur ratio depuis que nous pourchassons les thons dans les eaux malgaches. Une page se tourne, et cette année nous n’irons pas revoir la grande ile, pour la première fois depuis 6 ans. D’autres aventures peut-être en perspective, mais ce changement de programme de fin d’année donne un gout encore plus spécial à cette ultime aventure malgache. Heureusement il reste la fine équipe, élargie avec les partants des années précédentes, et toutes les photos, les films et les souvenirs. Peut-être que cet hiver on se contentera de nos eaux froides et de nos petits poissons. Peu importe, l’essentiel après toutes ces années reste les mecs avec qui on construit les souvenirs. Merci à Anto, à Kiki, à Seb, Nico, Jean-Seb, Thomas, Laurent, Georges pour ces put… de moments.
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