Je m'immisce* dans le débat pour vous livrer quelques réflexions.
D'abord quelques statistiques pour faire plaisir à Irie : l'endroit le plus dangereux reste quand même le lit, 99% des gens meurent dedans.(dans les pays civilisés comme la France métropolitaine bien sûr.Statistiques 2016:59%meurent à l'hôpital,26% à domicile,14%en maison de retraite et 1%sur la voie publique.) Donc, sauf à trop tirer sur son capital chance notre discipline n'est pas si risquée somme toute, pour une discipline qui consiste à chasser dans un milieu qui ne nous est pas naturel.
Chasser dans le courant est une chose assez particulière et, sans chercher de comparaisons au niveau des performances ni au niveau de la profondeur l'expérience d' Irie m'a rappelé une expérience de l'année dernière. L'élément commun est le courant, au Gris Nez sur la côte d'Opale c'est un élément à prendre en compte. Le baissant (vers l'aval) est un peu moins fort que le courant montant (vers l'amont, le nord). Chez nous le plus souvent , sauf à l'étale ,on fait un aller dans un sens et le retour dans l'autre, deux énormes dérives en quelque sorte. Ce jour là j'étais sur le retour,le courant commençait à devenir gênant donc je me laisse ramener à mon point de mise à l'eau, tout en faisant quelques apnées le long du parcours, en me disant que si je tombe sur un poisson en bonne position je tire. Le fond est composé de chaos de gros blocs derrière lesquels on est à l'abri du courant et le poisson est souvent planqué sous ces rochers. Je descends, je m'accroche derrière la pierre et je tire un bar qui n'est pas assommé par le MATC et qui va (comme de bien entendu ☹️) s'enraguer sans que je puisse le sortir dans la foulée. À court d'air, je laisse tomber le grappin de la planche, je déverrouille le moulinet et je remonte à la planche où je me repose un peu. J'accroche le fusil à un mousqueton et je remonte le courant les mains libres et sans poids mort à tracter, c'est moins dur. Je redescends plusieurs fois en faisant attention de ne pas m'emmêler dans les fils de planche et de fusil, bien conscient que dans ce cas le risque est bien présent. Heureusement la profondeur n'est pas excessive (dans les 5m) mais justement cette moindre profondeur accentue le courant qui est déjà fort au niveau de cette pointe. À chaque descente évidemment je suis plus fatigué (d'autant que c'est la fin de la session) et le courant est de plus en plus fort.Je me dis: "Allez, c'est la dernière, après,je coupe" . Je me ventile au max, toujours accroché à la planche, je descends derrière la pierre, je passe ma main dans le trou, j'attrape la flèche, je fais quelques mouvements de va-et-vient pour dégager le poisson et... ça vient ! Je remonte en faisant gaffe à la drisse de la planche,je m'accroche et je mets le fish dans le filet. Le bar faisait un peu la gueule, esquinté par ces tractions successives, mais j'étais content d'avoir tout récupéré. Bon, sur le retour, en palmant sur ma planche je me suis quand même posé la question de savoir si le jeu valait la chandelle , récupérer un poisson (je le rappelle plus le poids mais il était de taille "honorable")et un MATC full titane (quand même !) en risquant de s'emberlificoter dans les filins...
C'est vrai que, comme dit Irie, on prend un peu plus de risques quand on maîtrise bien le sujet mais souvent le danger vient du côté où on ne regarde pas. (Il y a quelques années le fil du grappin que j'avais laissé tomber juste en remontant pour marquer un trou à homard avait fait une boucle autour de ma cheville comme par sorcellerie et m'avait bloqué à 1m sous la surface car le grappin s'était ancré au fond. Je m'étais dit :"ce serait vraiment con de mourir noyé comme ça attaché au pied dans 5m d'eau"...)
Souvent, plus on se sent en sécurité plus on prend de risques. Il y a quelques années un mécano m'avait dit que si on supprimait toutes les aides à la conduite beaucoup de conducteurs finiraient dans le fossé.
*J'aime bien m'immiscer 😉.
Une variante de la truite aux ama(e)ndes.😉