Histoire de requin blanc

[Flo974]

Comme la section du forum Chasse outre mers et ailleurs n’est pas très animée ces temps-ci, je me permets de partager avec vous deux moments incroyables d’une même sortie, qui me tournaient encore dans la tête hier soir.

Nous sommes le 26 août 2021, en hiver donc, en Nouvelle-Calédonie, la meilleure période pour le wahoo. On part à quatre à l’extérieur pour chasser du pélagique, avec de la mange et un flasher. Rien d’anormal jusque-là. Bonne organisation : un barquero, trois à l’eau, un au flasher, un à la mange, et un libre. La journée se déroule normalement, sans rien voir de spécial à part quelques requins gris. Le matin, sur un spot, on aperçoit pas mal d’action au fond, vers 20–30 m. Quatre ou cinq requins gris de petite taille bougent dans tous les sens, et soudain, l’un d’eux fonce droit sur nous comme une fusée ! À trois ou quatre mètres de nous, il vire brusquement et redescend… comme s’il cherchait de l’aide. Derrière lui, le poursuivant, surgit un autre requin, plus rapide encore suivant tous les mouvements du petit gris : un mako ou peut-être un jeune grand blanc, difficile à dire tellement l’action fut brève, mais on a clairement vu un ventre bien blanc et un corps fuselé, donc on penche pour un mako. L’action n’a pas duré plus de cinq secondes, mais quelle montée d’adrénaline ! Sans hésiter, on est remonté au bateau pour changer de zone.

La journée continue, et rien à signaler. Pas un poisson tiré, on se gèle toute la journée (désolé pour les métros qui liront ça, mais une journée entière dans une eau à 22 °C quand on est habitué à 28, ça pique, même avec une 5 mm !).
En fin d’après-midi, on balance les restes de mange, à peine 1–2 kg, pendant que le pote à côté tape sur l’eau. À l’époque on testait encore cette technique. Je descends quand j’aperçois un petit wahoo d’une dizaine de kilos au fond. Je tire de loin, la flèche touche mais ne traverse pas… il partira. Tant pis, dernier tir de la session.

Pendant ce temps, mon pote tire aussi pour décharger, car il est temps de rentrer. Alors qu’il remonte sa flèche, une masse apparaît au loin, venant droit sur nous. Au début, on distingue mal, mais plus elle s’approche, plus on comprend : c’est un grand requin blanc, et pas un petit ! Il monte lentement, à la verticale, droit sur nous. Naturellement, on se rapproche entre binômes, le troisième, plus proche du bateau, s’y réfugie. Et là, le cœur bat à fond. Pensée directe : « S’il charge, on est morts. » Aucun fusil n’était chargé, impossible de se défendre. Mon pote a même sa flèche encore au fond…Le requin avance calmement, comme s’il savait qu’il était le maître des lieux. Et plus il s’approche, plus sa masse paraît énorme. Un vrai baril vivant. Pour avoir déjà croisé des gros tigres et bouledogues, je peux dire que celui-là était d’un autre niveau. À 1–2 m de nos palmes, il passe juste à côté, nous dévisageant de son œil noir minuscule mais perçant. Il ne manquait pas 50 cm pour que je puisse le toucher avec la pointe du fusil. On est passés de chasseurs à chassés, et là on se sent vraiment petits. Après ça, il s’est dirigé vers le bateau et le pote encore dans l’eau, puis vers le large. Inutile de dire qu’on a tous bondi dans le semi-rigide comme des phoques ! Mais ce n’était pas fini : le requin est resté un moment autour du bateau, nageoire dehors. Clairement curieux, peut-être même en quête d’un repas. Sur un semi-rigide, autant dire qu’on n’avait aucune envie qu’il teste ses dents sur un boudin… 😅 On a filmé quelques images depuis le bateau, mais malheureusement, aucun de nous n’avait de GoPro à l’eau ce jour-là. Ça reste malgré tout ma plus belle rencontre en mer. Un souvenir figé dans le temps, à la fois magnifique et terrifiant. Je pense que sa venue était liée à plusieurs facteurs : la mange, le flasher, les coups donnés sur l’eau. Depuis ce jour, en hiver, on ne tape plus sur l’eau… 😅 Pour ceux qui aime les chiffres, on l'estimera a +- 3.50m, en le comparant a la taille du bateau, vue qu'il passera juste a cote c'est pratique.
Pour finir, sachez que les observations de requins blancs en Calédonie sont rarissimes : une ou deux observations par an, pas plus.

 La video est pas des meilleur, il faudrait que je teste de la traite avec un logiciel pour voir si je pourrais diminuer les reflets de l'eau pour apercevoir un peu plus sa masse.

En zoomant sur la photo on aperçoit une partie de son flanc blanc, avec sa forme, aucun doute !