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Croisière Malgache


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Avec un peu de retard, un petit CR de notre dernier trip à Mada, déc 2015.....

 

 

 

Je me ventile pendant que la dérive s’accélère. Je sais qu’il faut être prêt à descendre à tout moment, et que tout se jouera en quelques secondes. Alors que je regarde le fond défiler 20m plus bas, j’entends la voix de Georges qui hurle : « thon » !!

 

C’est le signal : je bascule en avant, et file vers le fond, le palpitant à 200 et le regard qui balaye devant moi. Stabilisé à quelques mètres du fond, je regarde droit devant moi avant de tourner la tête à gauche : deux barriques argentées me fixe du coin de l’œil, comme immobiles dans le courant. Le thon de tête est surement le plus gros que je n’ai jamais vu. Tout semble trop beau : je suis sûr de mon coup, et tourne le fusil vers la tête du premier poisson. Je mets un coup de palme pour être à portée, mais plus je pense me rapprocher et plus le thon s’éloigne. Compte tenu de la taille du poisson, je veux assurer un tir parfait. Et alors qu’il me manque 1m pour assurer le coup, je comprends vite que je ne pourrai pas lutter contre le courant et me mettre à portée.

J’enrage, mais il faut réagir vite. SI les deux premiers thons sont maintenant trop loin, il me reste les quatre suivants. Ils sont beaucoup plus petits (du moins c’est ce que je pense), et malgré la déception, je veux en assurer un. Les occasions sont rares sur ce poisson, et celle-là ne durera pas. Comme avec les deux premiers, les thons commencent à s’éloigner doucement. Deux gros coups de palmes et je suis en position : je lâche le tir qui ne sèche pas le poisson. Démarrage en trombe que je contre tant que je peux en remontant avec la floatline dans la main.

J’agrippe le cul de la bouée et passe devant un Georges médusé en me faisant tracter comme un leurre de traine. La puissance du thon est phénoménale, et même si j’aurai aimé le sécher, je prends un pied d’enfer. Put…. que c’est bon !!!

LA CROISIERE S’AMUSE

Pour cette énième pérégrination malgache, nous avons abandonné la douceur de vivre des plages de Nosy Komba pour la douce, et opté pour une version tout cata : Alors que le groupe des « Normands » fait le tour d’ouest en est, nous assurons le retour du bateau après une vibrante passation de consignes au Taxi Be de Diego, négociée à grands coups de binouze et des Caipi.

Dernière nuit avec un semblant de clim dans un petit hôtel de la ville, et nous retrouvons Anto et l’équipage dans une petite baie de Diego. Le bateau est à nouveau celui de Serge, et les deux ou trois commentaires de l’équipée précédente nous laissent entendre que le bonhomme n’a pas beaucoup changé. Anto, résigné, préfère nous faire rêver avec les notre futur terrain de jeu.

P’tit Nico nous ayant fait faux bond avec des excuses toutes moisies, la horde sauvage se compose cette année de récurrents de la destination et d’un petit nouveau. Si Seb (Miss Saigon), Jean Seb (le banquier londonien), Tom (le capitaine breton) et ma pomme sommes de retour dans les eaux malgaches, Georges vit lui sa première expérience hors de sa Méditerranée natale. Depuis quelques années, nous partageons presque toutes nos sorties à la recherche des dentis, sérioles mais aussi des bécasses, et depuis qu’il m’entendait parler de moulinets qui sifflent et de bouées qui coulent, il a fini par sauter le pas et se joindre à notre expédition.

Pas de temps de se répartir les cabines ou de boire un coup, le capitaine a besoin d’encore un peu de temps pour préparer le bateau. On balance donc la tonne de sacs, de sportubes et de matos dans les filets avant du cata, on enfile la combi et les palmes, et nous voilà après quelques minutes filant vers le sud pour les premières apnées du séjour. Pas de montages lourds, et juste les flingues équipés de moulinets, en l’occurrence des RA 140 pour la plupart. Pour la plupart, car Seb et en partie Tom ont cédés aux sirènes des flingues à roulette et des sandows qui pendent partout. Pas convaincu, j’attends tel St Thomas de voir leur artillerie à l’œuvre.

Pour notre grand bonheur, c’est à nouveau Kiki qui officie comme marin : sourire permanent, œil de lynx, et c’est à lui que nous devrons de vivre dans les doux effluves de poisson pendant tout le trip. En effet, le deal est de tirer essentiellement les pélagiques, qu’avec son habilité légendaire il prépare au sel et fait sécher à l’avant du bateau : aucune perte, et à chaque escale avec un village dans le coin, il arrivera à revendre son poisson.

L’eau est toujours aussi chaude, et la première descente aussi excitante. En fait, le fond se révèle un peu tristoune, pas beaucoup de structure, et surtout une vie de récif assez pauvre. Bref debrief avec Anto, et il semble qu’il faille se consacrer au poisson de plein eau.

Quelques petits thazards furtifs, avant que Jean Seb ne voit passez un YFT à toute vitesse. Je fais équipe avec Seb, et nous voyons un tout petit TDC pointer le bout de son nez. La pression remonte un peu, et Jean Seb ouvre magnifiquement le bal avec un thon de 20 kg. Le poisson est bien tiré, et il le sort sans trop de peine. C’est son plus gros à ce jour, et comme en plus il l’a fait au moulinet, il a sacrément la banane.

Dans la foulée, je peux aussi ouvrir mon compteur avec un poisson de 13kg. Tiré d’un peu loin et un peu bas, il me vide presque tout le moulin avant que j’arrive à la saisir.

La première sortie donne le « thon » : le début de séjour sera consacré au TDC et rien qu’à ça, ce qui nous va parfaitement.

 

Retour au bateau, prise de possession des cabines ou des couchettes sur le pont. Il nous aura fallu un peu de temps pour nous acclimater et arriver à faire une nuit correcte. Dans la couchette, les premières heures sont infernales : pas un souffle d’air et une chaleur écrasante. A peine couché, on se met à ruisseler à grosses gouttes. En revanche, au milieu de la nuit, lorsque la température baisse, cela devient beaucoup plus agréable et le sommeil plus profond. A l’étage du dessus, c’est le contraire…

Ce qui ne change pas, c’est que l’on mange toujours aussi bien à bord. Après une petite douche et un apéro mérité, on peut récupérer les calories perdues et mangeant le poisson du jour sous toutes ses façons, et mêmes les desserts sont au top !! Et nous disposons de toutes les excuses nécessaires pour ce qui accompagne : la bière pour se réhydrater, le pastaga pour les maux de ventre, le whisky pour désinfecter !!

 

Après cette première journée et chauffe, et une fois tout le monde en place, on lève l’ancre pour notre première étape et le fameux hot spot du Cap d’Ambre.

Aux dires d’Anto et de l’équipe précédente, il s’agit de THE place pour faire du gros TDC, et surtout dans des conditions inédites pour nous. En effet, finis les tombants vertigineux, les poissons qui sondent, les requins qui montent du fond, les bouées qui explosent, et tout ce qui jusqu’à maintenant correspondaient à notre version de la chasse du thon dents de chien.

Ici, les poissons circulent sur un plateau entre 10 et 20 m de fond, avec un jus d’enfer. La dérive est longue, les apnées peu profondes, toute la difficulté étant d’être sous l’eau au bon moment. Mis à part en tout début de marée, lorsque le courant est encore un peu faible, impossible de descendre à vue sur le poisson.

 

Fort de l’expérience du groupe précédent, on forme donc deux binômes, Jean-Seb voulant tenter le coup seul. On se retrouve donc avec un guetteur devant, les yeux rivés sur le fond qui défile, et un chasseur quelques dizaines de mètres derrière, prêt à couler sur le thon une fois l’alerte donnée.

Le concept est un peu frustrant au début, et tout le monde flippe un peu à l’idée de se retrouver avec un gros banc de TDC dans les palmes sans pouvoir tirer, en simple spectateur de son coéquipier. C’est d’ailleurs ce qui se produira à quelques reprises, mais au final, tout le monde à peu faire du poisson et surtout les prises ont été assurées.

La première dérive ne donne rien pour moi ; je passe donc le fusil monté sur la floatline à Georges et prend le RA 140 avant de me laisser porter par le courant. L’eau est claire et le jus pas encore très fort. La dérive se fait lentement, le fond alternant patate de corail et taches de sable. La vie est bien présente, et le flasher qui pend sous mes palmes fait monter tour à tour des tortues, des raies et parfois un gros barra.

Je commence à sombrer dans le contemplatif quand un magnifique banc de TDC apparait au leurre. Juste le temps de hurler le signal à Georges, et je le vois filer vers le fond. Le banc s’écarte sauf un poisson qui tourne et s’éloigne. J’agite le flasher, il fait demi-tour et revient droit sur le chasseur. Georges a tout le temps pour l’ajuster et le sèche net, la flèche de 8.5 transperçant la tête du poisson de part en part. Vu de la surface, le spectacle est hallucinant. Georges remonte le poisson dans la foulée, sans avoir l’air de réaliser que pour une première, il a fait très fort. Il nous a fallu à nous quelques voyages, un paquet de poisson croisés, quelques-uns tirés, du matos perdu, avant d’arriver à mettre un thon digne de ce nom dans la glacière !!!!

Les autres ne sont pas en reste puisque Jean-Seb a profité de ses premières dérives pour épingler un thon de 40 kg (son record). Seb et Tom, quant à eux, ont décroché un premier poisson après un combat épique et une floatline pas assez bridée.

On commence à prendre le rythme et le moral à bloc, on enchaine les dérives à tour de rôle. C’est à nouveau à moi d’être en tireur quand Georges aperçoit les thons. Il me hurle de descendre, j’entends son cri un peu tard, et le temps d’être sous l’eau, le TDC est train de s’éloigner. Le courant a forci, mais j’arrive à me mettre à hauteur et je lui balance mon bout d’inox.

Le poisson démarre, je le bride comme un malade, avant qu’il ne rende les armes assez vite. Et nous voilà avec un nouveau 30 kg dans le bateau. Après avoir essuyé tellement d’échecs les années passées, le spectacle de tous ces thons dans le bateau est juste hallucinant.

 

 

 

SUPERMAN ET LA GT

Après l’épisode TDC, Anto nous propose de se décaler de quelques km, pour une expérience assez unique. On attaque la dérive sur un plateau d’une quinzaine de mètres, avec beaucoup de patates de corail et de faille. Le plateau remonte doucement, pour finir sur une pointe située à quelques mètres sous la surface. C’est à cet endroit que le groupe précédent est tombé sur un banc d’énormes igno.

La difficulté vient de la force du courant. Tout le jeu consiste à se laisser dériver sous l’eau pour être en face du poisson à bon moment, le jus empêchant presque de tourner le fusil. Enfantin me direz vous pour qui vit dans les eaux du nord, un peu déroutant pour des gars du sud….

J’attaque la première dérive avec Jean-Seb et Georges. Ce dernier et moi avons pris nos 140 RA & moulinet, JS son Oceanborn en 145 relié à un moulinet de ceinture. Il veut l’avoir en main avant les gros TDC, et essayer son nouveau set up de sandows.

On enchaine les apnées à tour de rôle, en se laissant planer au-dessus du fond. Une fois qu’on a chopé le truc, cela devient même grisant de s’amuser à le frôler, à s’engouffrer dans une faille au milieu des poissons de récifs, à petit à petit à se prendre pour un super héros en vol au milieu de la ville.

Pas mal de joli poisson de récif, mais tout le monde retient son tir en attendant les grosses mémères argentées. Georges attend que je remonte et descend à son tour. Je le suis depuis la surface, même si je dérive un peu plus vite que lui. Tout à coup, je le vois se décaler sur la droite : une magnifique GT lui arrive droit dessus. Avec le peu de fond, elle parait énorme. Il lâche le tir et la prend derrière les ouïes, mais le poisson démarre avec la violence inouïe. Jean Seb fonce dessus pour la doubler, mais avec le courant, il n’arrive pas à la rattraper. Je palme en sens inverse, et compte sur le fait que la carangue va changer sa course pour se frotter au fond. Perfect timing : nos routes se croise, et je lui mets à flèche en pleine tête, la séchant net. Alors qu’un petit sourire d’auto satisfaction éclaire mon visage, je me retrouve face à face avec deux énormes igno, la plus grosse dépassant les 50 kg, avec ma flèche dans la tête de leur petite sœur, et mes sandows qui pendouillent. Grand moment de solitude…

Jean Seb a bien suivi la scène et leur coule dessus. Les poissons s’éloignent, il arrive à placer son tir, mais au premier coup de queue la flèche se décroche.

Au final, notre Gorgio national se retrouve pour ses grands débuts dans les eaux malgaches avec un TDC de 26kg et une igno de 30 !!! Trop facile la chasse en exo…

 

Il est prévu de passer au moins trois jours sur ce spot pour l’exploiter comme il faut. Si dès que les conditions sont réunies nous sommes sur le spot à TDC, nous alternons avec quelques secs au large et de la pêche dans les cailloux.

SI les poissons de récifs sont de taille modeste, leur quantité est en revanche certains jours totalement hallucinante. Et le spectacle, une fois posé au fond, est une invitation à la zénitude totale. La douce impression d’être au fond d’un aquarium géant, avec un tapis de poissons de roche se balançant dans le courant. Il y en a de toutes les couleurs, et même si aucun gros prédateur ne pointe son nez, on se fait plaisir en épinglant quelques poissons pour le diner.

Je repère une belle babone et l’indique à Georges qui n’en a encore jamais tiré. Elle pointe le bout de son nez sous une grosse dalle de corail, où pas d’autres poissons ont trouvé refuge. Le grand Gorgio se ventile, approche doucement du fond, et après un long agachon devant l’ouverture finit par balancer son tir. Je suis content qu’il goute à ce poisson…. Sauf qu’il embroche en fait une sorte de petit mérou très laid, et que pour accélérer sa remontée, un des rares requins que nous croiserons lui monte dans les palmes avant de repartir vers le fond. Bref, la babone, ce n’est pas encore pour ce coup là !!

 

Lors de nos dérives sur le plateau, nous croiserons plusieurs très gros thons, dont certains avoisinent surement les 80 kg. Je suis notamment à deux doigts d’en sécher un énorme, mais doit finalement me rabattre sur un petit qui suivait. Alors que je le crois proche des 25 kg au moment du tir (il faisait la moitié de ceux à l’avant du banc), il accusera un joli 42kg sur la balance qui me laisse pleins de regrets.

Seb réussit lui aussi a accroché son TDC, avec un beau poisson de 30kg. Alors qu’il nous expliquait la veille son tir inoubliable sur une sériole dans la queue, il réitère l’exploit avec son thon. Alors qu’il part en poursuite sur le poisson au ras du fond, il le vise plein crâne… et lui casse la colonne au niveau de la queue. Stratégie ou pas, il sort le poisson dans la foulée et immortalise l’instant.

Ce sera malheureusement la dernière fois du séjour que nous le verrons avec un grand sourire. Il commence à se sentir un peu moyen pendant le reste de la journée, et finit couché au fond du bateau. Ce que nous pensons être un petit coup de chaud se révèlera plus grave.

Alors qu’on le laisse se reposer, on profite de la fin de journée pour un petit coup de pêche à la canne. Quelques touches en jig, quelques petits poissons sur ligne fine, avant que l’inévitable Georges (qui n’a jamais combattu un poisson sérieux à la canne) ne finisse son grand chelem avec une magnifique GT à la traine.

De retour au bateau, la situation est moins drôle. Seb, pourtant très dur au mal, est tordu en deux, n’arrive plus à marcher, et a besoin de soins. Malheureusement, la nuit est tombée, la marée nous empêche de quitter l’anse dans laquelle nous avons mouiller, et nous serons contraints d’être les témoins impuissants de la nuit d’enfer qu’il va passer. Dès les premiers rayons de jour, nous levons l’ancre pour rejoindre un village de pêcheur dans lequel Anto arrive à faire venir un taxi. Nous partons avec Seb pour retraverser le nord de l’ile d’ouest en est, et repartir à Diego où se situe le meilleur hôpital. Chaque trou ou bosse sur la route rajoute un peu au calvaire de Seb, qui est à deux doigts de s’évanouir lorsque nous arrivons enfin à l’hosto. Grosse rétention urinaire diagnostiquée, et une fois sondé et délesté de presque 6 L , il retrouve enfin le sourire.

On le laisse se reposer, et en attendant le diagnostic du lendemain, on se paye luxe d’un diner à terre, mais surtout d’un petit hotel de Diego avec chacun sa chambre climatisée ! Un peu d’espace et du frais !!

Le lendemain, on espère tous que le grand malade sera d’attaque. Il a l’air un peu mieux, mais reste très inquiet du diagnostic qu’on lui donne. Le médecin en chef lui fait passer une écho à laquelle nous sommes tous conviés à assister : il est formel et déclare avec une assurance à toute épreuve que la prostate est parfaite. A son retour en France, Seb fonce chez un spécialiste qui verra vite qu’en fait sa prostate à doubler de volume, et qu’il a en fait une prostatite aigue, résultante d’un joyeux cocktail de stress, de fatigue et de surmenage soigné à grand coup d’automédication.

Bref, Seb se rend vite à l’évidence qu’il ne pourra pas remonter sur le bateau. On l’abandonne pour qu’il prenne quelques jours à se remettre, et il nous retrouvera directement à Nosy Be pour le départ en France.

C’est donc amputé de notre Dim Sum préféré que nous faisons le chemin en sens inverse pour embarquer sur le cata et poursuivre le périple.

L’ambiance est un peu lourde, mais deux ou trois tournées générales, et on décide de rendre hommage au malade en allant flinguer TDC et tazards.

 

La parenthèse « visite des hopitaux locaux » a un peu plomber notre emploi du temps, et il va falloir faire des choix. La journée est bien avancée, et Anto nous laisse deux options avant de rejoindre le mouillage du soir : chasse de récif en progressant, ou trois heures de coques rapides pour aller sur un spot magique, sur lequel nous aurons tout au plus une petite heure de chasse. Même si nous ne sommes pas emballés par le ratio trajet / chasse, il arrive à nous convaincre.

On a tous un peu la tête dans le seau, et Tom annonce la couleur : il n’est pas en forme, n’a pris que son flingue à roulette qui ne tir par droit, et il se contentera de tirer depuis la surface.

Arrivés sur zone, on retrouve nos chers tombants. Le soleil a déjà commencé à se rapprocher de l’horizon, mais l’eau reste claire.

J’attaque ma première dérive avec Georges. Je lui laisse la priorité, et le premier thon qui monte sera pour lui. Si nous voyons du thon….. car pour le moment, ni la mange ni les prédateurs ne nous font monter le palpitant.

Retour au bateau, où Tom nous attend avec un sourire ultra bright et un magnifique TDC au fond de la coque. Et monsieur qui ne se sentait pas en forme….

La motivation remonte d’un coup, tout le monde à la baille, et bis repetita : on ne voit pas une écaille alors que l’autre équipe est entourée de thons dont un beau spécimen de 30 kg est épinglé par Anto !

Dernière dérive : Tom le Calimero de Breizh frappe à nouveau et s’offre un doublé !!! Il enfonce le clou en jurant que c’était tellement facile, qu’ils étaient calmes, et qu’en plus il n’a pas eu besoin de descendre profond…

Heureusement, deux poissons nous montent aussi au flasher, sans quoi je laissais Tom rentré à la palme avec ses deux thons à la ceinture. Comme prévu, Georges descend et tire le TDC avant qu’il ne reparte. Deux requins, qui avaient visiblement décidé de se taper un petit tartare pour le diner, montent sur le poisson pendant que je coule dessus. Je pique le premier qui s’écarte, idem avec le second. Pas très motivés, ils repartent au fond : ça change de certaines séquences un peu chaudes sur le Castor ou l’Intermédiaire !

Bilan de cette heure passée dans l’eau : 4 TDC et une séance photos au top pour les heureux élus. Bref mais intense.

On arrive à la nuit au bateau, et Kiki a déjà profiter du trajet retour pour vider, fendre et saler les poissons.

C’est sur ce dernier fait d’arme que nous rangeons les affaires de blue water et disons adieu aux tdc pour faire cap sur les Mitsio et ses spots à thazards géants….

 

THAZARDS EN FOLIE ET SINUS QUI CHANTENT

 

En arrivant dans la baie, l’ambiance change radicalement. L’eau se teinte, on quitte le grand large, et on retrouve une chasse que nous aimons bien, semblable à celle autour de Nosy Be, la taille des poissons en plus.

Petite halte pour boire un verre dans un des camps de pêche où nous étions arrêtés l’année dernière. Grosse déception, car il a fermé et il ne reste plus que deux vieux cleps pas farouches qui nous observent l’air blasé. Ambiance de fin du monde, avec ces bâtiments vides, cette grande place déserte. On décide passer un coup de tel à Seb pour prendre des nouvelles. Mais pour cela, il faut du réseau…. Poussé par son sens de l’amitié et son gout du risque, Tom commence à escaler un des gros arbres du camp pour prendre de la hauteur. Malgré ses prouesses, aucun signal qui nous permette de contacter le malade. Retour au cata juste à temps, avant que le ciel ne s’ouvre en deux avec une belle averse tropicale.

Le hot spot de cette deuxième partie de séjour est ce plateau où Anto nous avait emmené l’année dernière. Une longue dérive sur un fond entre 10 et 15, qui se termine par une remontée à quelques mètres sous la surface. Beaucoup de mange, et surtout un type de poissons fourrage, qui font pensé à des gros sévereaux, et que nous ne verrons qu’ici.

Comme souvent avec les thazards, le flasher permet de les faire monter dans l’eau sale, même si le fait de se laisser dériver quelques mètres au-dessus du fond est souvent payant.

Anto aime les Tdc, il aime aussi les carangues, les aprions, a fait son premier sailfish, mais quand on lui parle de thazard, ses yeux brillent comme jamais. C’est son poisson, celui qui le fait ban…., et surtout celui sur lequel il met tout le monde d’accord.

Mais comme il guide, d’abord priorité aux pêcheurs. On enchaîne les dérives en binomes, et les gros thazards se succèdent dans le bateau. Pas de massacre, mais chacun arrive à tirer deux ou trois beaux poissons dans la journée. Pas de records, mais un sacré pied avec ce poisson fabuleux. L’arrivée d’une de ces poutres argentées dans l’eau sale, avec sa gueule anguleuse, a quelque chose de magique. Si le tir se fait souvent dans de bonnes conditions, le rush qui suit si le poisson n’est séché est impressionnant. Et comme le spot est bien garni en petits requins casse-couille, la montée d’adrénaline qui s’en suit est garantie.

Ce plateau de donnant qu’avec un courant bien établi, le reste de la pêche se fait autour de cailloux, de petits ilots, avec en toile de fond les paysages fascinants des Mitsio. C’est une pêche très opportuniste, et plus variée que celle des thons. On cherche dans le désordre les thazards (avec une maille un peu costaud), les carangues de toute sorte, les aprions qui demandent souvent des agachons interminables, et à l’occasion un beau barra solitaire.

Comme en Med, la vie est souvent très concentrée. Quand on tombe sur le bon endroit, il vaut mieux être prêt… Alors que je remonte d’une dérive avec Georges sur le bateau, on voit Anto dans l’eau qui fait de grands signes, fusil déchargé. Il a tiré, et visiblement il lui faut un coup de main. Kiki nous jette à l’eau, et je nage aussi vite que possible vers lui.

L’eau est un peu laiteuse, et je suis son fil sous l’eau. Il vient de tirer un gros barra, mais ce n’est pas de l’aide qu’il demande !! Une magnifique GT essaye de lui bouffer son poisson, et Anto gère ce rodéo sous-marin en attendant notre arrivée. Une bouffée d’air et je fonce vers l’igno qui commence à s’éloigner. Je lui balance une flèche mais ne la sèche pas. Elle démarre dans le sens du courant et fonce vers l’ilot devant nous. Je tire comme un forcené pour reprendre du fil, car je sais que Georgio me suit et qu’il pourra la doubler. Le fond remonte, et je la vois s’engouffrer dans une faille.

Je la bride, et vois son bout de queue gris qui sors du rocher. Je descends sur elle pour essayer de l’attraper, et me tape une peur bleue : le bout de queue est en fait celle d’un beau requin de 2m qui essaye de bouffer ma Gt, et qui se retourne face à moi. Le sandow de mon fusil déchargé autour de bras, je me retrouve comme un con. Aussi surpris que moi, le requin m’évite et se barre à toute vitesse. C’est aussi le moment où Georges arrive et double la carangue qui finit au bateau.

Plus que deux jours de chasse et les choses tournent mal pour moi. Alors que tout le monde semble prendre le rythme, mes sinus me trahissent et dès les premières apnées, le frontal se bloque, et l’oreille gauche ne passe plus. J’ai malheureusement suffisamment de recul sur ce genre de situation pour savoir que je risque de rester au sec jusqu’à la fin.

La journée est magnifique, l’eau cristal à certains endroits, et je passe la journée à bord avec Kiki à faire le marin. Même si j’enrage de ne pas être à l’eau, je prends un certain plaisir à voir les autres chasser. Avec un peu d’habitude, à la façon dont le chasseur nage en surface, à son temps d’apnée, à sa façon de faire son canard, on arrive presque à prévoir à chaque fois si il a vu quelque chose ou si il va tirer.

La fine équipe refait un petit tour sur le spot à thazards, et avec un simple beuchat en 110, Anto qui a décidé de chasser un peu nous fait un festival : 1 apnée = 1 poisson, et souvent de belle taille.

Le dernier jour je suis toujours au sec, mais cette fois je prends à bord mes cannes de lancer et de jig pour participer à la fête. Malheureusement, cette dernière sortie est la plus calme de tout. Pas ou peu de poisson, souvent petit, et certains commencent aussi à avoir les sinus qui chantent. Jean Seb est en pleine bourre et enchaîne les descentes de plus en plus profondes, Tom profite de l’eau chaude avant d’attaquer son hiver breton, et Georges savoure la fin de son premier voyage tropical.

Une fois les affaires pliées, le cata nous débarque sur la grande plage d’Ambatoloaka. Nous avons réservé une grande villa pour la dernière nuit, dans laquelle Seb nous attends depuis deux jours.

Joies des retrouvailles, et surtout content de le voir sur pied et avec le sourire.

Chacun a sa chambre climatisée, et l’opération rinçage / séchage de matos commence, avant de remballer notre tonne de matos. Une fois l’attirail et les bonshommes mis au propre, direction un des rades du coin pour notre dernier diner tous ensemble.

Après le calme et le confinement du cata, le bruit et l’agitation nous filent le tournis. Les THB et la caipi aident aussi un peu. On refait le voyage, chacun y va de son anecdote, chaque poisson raté ou décroché prend quelques kilos au passage, et chaque agachon quelques mètres et minutes.

Gros fou rire quand un malgache d’un âge avancé vient chanter à la table avec une espèce de petit instrument à cordes de sa fabrication. Un son aussi pourri et inaudible que sa voix, mais une version revisitée de « la poupée » de Polnareff qui restera dans les annales.

 

EL MATOS

Avec les années et le recul, on commence à être de plus en plus au point avec le petit matériel : combis, couteaux, floatline, bouées, etc…

La commande générale qu’Anto passe avant notre arrivée nous permet d’avoir un stock de flèche suffisant pour le séjour.

Au rang des petites déceptions, ma Gopro qui me plantera avant même de me mettre à l’eau, mais pour le reste, tout tient plutôt la route.

Mais comme chaque année, ce sont les fusils qui posent le plus de question. Si pour nous les 130 et 140 RA en carbone sont la référence pour la chasse de récif, c’est pour le thon que les choses se compliquent.

Depuis que je m’intéresse à ce foutu poisson, ont été essayés au fil des voyages par notre dream team : RA 140 en montage break away, Teak sea AZI 120, Riffe Bluewater express, Betty blue de l’ami Nikos, André Speargun, Mythicon Dragonian, RA 160, Mamba 150, Oceanborn 145, roller Blue Elite et enfin Abellan 130.

Bref, on ne pourra pas dire qu’on s’est focalisé sur un modèle…. Beaucoup de ces fusils sont très bons, mais sans grand mystère, ils demandent un peu de pratique et d’habitude pour se révéler performants. Or ce genre de flingue dans nos eaux…., il n’y a pas beaucoup d’occasions pour ce faire la main.

Comme l’année dernière, le Mamba a permis de sortir pas mal de thons. Base de RA 150 customisé avec un habillage carbone, un mécanisme inversé en inox qui permet d’avoir presque 160 d’étirement de sandow, et une flèche de 7.5 double ardillon. Cette fois, je l’avais monté avec deux sandows Sigal reactiv Evo en 16.

Mais pour ce trip, la très bonne surprise est venue de l’Abellan. Si le 120 est pour moi le meilleur fusil pour la chasse en Med sur le denti et la sériole, le 130 est lui beaucoup plus massif. Monté avec une flèche hunt en 8.5 et trois sandows courts Sigalsub Extrem en 14.5. Chaque TDC tiré a été transpercé, même de loin et tiré en pleine tête. Et tout cela en restant relativement maniable dans le courant.

 

La grande discussion est plus venue du montage fait sur nos fusils. L’équipe des « Normands » étaient équipées « lourd » : gros fusils bois, teak sea Dr Fish ou T8, et surtout câble acier et pointe détachable. A la vue de leurs résultats et des poissons sortis, Anto nous a mis un gros coup de pression sur la nécessité d’avoir un set up identique, surtout sur les spots du nord. Pour lui, c’était une des clefs de la réussite.

Ok, mais le gros soucis est que nous étions arrivés avec uniquement des flèches à ardillons, plus en adéquation avec les fusils que nous avons. Malgré notre différence de point de vue, je suis resté assez confiant surtout avec les RA et leurs deux ardillons décalés. De toute façon, trop tard pour changer quoi que ce soit. Ne restait plus qu’à s’appliquer sur les tirs….

Et les faits nous ont prouvé que les deux méthodes se valent, chacune avec ses avantages !! Sur 16 TDC tirés pendant le trip, nous en avons sorti 13, tous à la tahitienne. Et sur les trois décrochés, un a été tiré de trop loin faute une sécurité enclenchée sur un RA. Bref, certainement le meilleur ratio depuis que nous pourchassons les thons dans les eaux malgaches.

 

 

Une page se tourne, et cette année nous n’irons pas revoir la grande ile, pour la première fois depuis 6 ans. D’autres aventures peut-être en perspective, mais ce changement de programme de fin d’année donne un gout encore plus spécial à cette ultime aventure malgache.

Heureusement il reste la fine équipe, élargie avec les partants des années précédentes, et toutes les photos, les films et les souvenirs. Peut-être que cet hiver on se contentera de nos eaux froides et de nos petits poissons. Peu importe, l’essentiel après toutes ces années reste les mecs avec qui on construit les souvenirs. Merci à Anto, à Kiki, à Seb, Nico, Jean-Seb, Thomas, Laurent, Georges pour ces put… de moments.

 

 

 

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On l'a attendu ce cr , mais pas pour rien !! Tres tres agréable à lire.

 

Vu la description du spot a tazar des mitsios que tu as fait , je pense que nous étions sur le meme, et ben, c un des spots les plus flippant que j'ai fait à mada!! Une horreur ce spot !!

 

J'étais le seul à ne pas en redemander.?

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Super récit. Merci :) .

 

Concernant le matos, c'est vrai que tout ces guns hors norme demandent de la pratique pour être efficaces.

 

J'ai un OCEANBORN depuis 1 ans et je reconnais avoir des soucis de réglage. Son utilisation est limitée ;) en Bretagne. De fait lors de mon dernier séjour en Gwada les loupés ont été légion et je l'ai remisé dans le bateau au profit d'un bon vieux RA140 alu dont l'efficacité n'est plus à démontrer.

 

Je vais essayer un nouveau montage pour l'OCEANBORN, qui souffre d'un recul important.

 

Parallèlement je me suis monté un RA150 alu avec méca inversé MVD et flèche HUNT de 8.

 

On verra bien lequel des 2 remportera mes suffrages...

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Pareil qu'Antonin, mon poisson favori reste le thazard, même devant les marlins, j'ai plus de plaisirs à faire ces poissons que tout autre, il se bat jusqu'au bout, jusqu'à la mort en y mettant toute son énergie

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M E R C I B E A U C O U P !!!

 

ça valait le coup de patienter. :)

 

Vous avez eu de très belles anecdotes. Avec du coup de très beaux moments de partagé avec son binôme.

La grande Classe !

Gros coup dur pour le malade. Des moments qui n'ont pas du être faciles pour lui comme pour tout le monde.

 

Et vraiment désolé pour tes sinus car c'est toujours dur de devoir rester en surface ou sur le bateau à regarder les autres.

 

Nota: J'aurais adoré la chasse tout en glisse au dessus des fonds dans la zone des 10m :wub:

 

Enfin, ce que je retiens de plus important et de beaux, c'est peut-être celle-ci :

''.... l’essentiel après toutes ces années reste les mecs avec qui on construit les souvenirs..... '' :respect:

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Super récit. Merci :) .

 

Concernant le matos, c'est vrai que tout ces guns hors norme demandent de la pratique pour être efficaces.

 

J'ai un OCEANBORN depuis 1 ans et je reconnais avoir des soucis de réglage. Son utilisation est limitée ;) en Bretagne. De fait lors de mon dernier séjour en Gwada les loupés ont été légion et je l'ai remisé dans le bateau au profit d'un bon vieux RA140 alu dont l'efficacité n'est plus à démontrer.

 

Je vais essayer un nouveau montage pour l'OCEANBORN, qui souffre d'un recul important.

 

Parallèlement je me suis monté un RA150 alu avec méca inversé MVD et flèche HUNT de 8.

 

On verra bien lequel des 2 remportera mes suffrages...

 

Pour l'OCeanborn, il était dans une config plutôt costaud au début (4 x 16) avec une flèche de 8

A près plusieurs essais, il a fini avec juste deux sandows coupés court qui ont lui permis d'être très précis, tout en conservant une bonne distance de tir. Il est juste repassé en 3 sandows lorsqu'il mettait une pointe détachable.

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Pour l'OCeanborn, il était dans une config plutôt costaud au début (4 x 16) avec une flèche de 8

A près plusieurs essais, il a fini avec juste deux sandows coupés court qui ont lui permis d'être très précis, tout en conservant une bonne distance de tir. Il est juste repassé en 3 sandows lorsqu'il mettait une pointe détachable.

Les gros bleutec souffrent terriblement du recul malheureusement et cela on ne peut y faire grand chose à part diminuer le nombre et le diamètre des sandows ou diminuer la taille et le diamètre de la flèche ... perso j'ai jeté l'éponge avec le miens après essais avec une 7, une 7,5, une 8, une 7,5 avec slip tip, 3X17,5 d'origine, 3X16 firestorm, 3X16 primeline blond, 3X14 primeline noir, 3X14 primeline blond ....

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Merci Nico pour ce CR au top comme d'habitude. Il manque juste quelques photos...

 

Pour moi non plus, pas de voyage à Mada cette année.

Mais je remonterai une organisation l'année prochaine, RDV aux motivés en nov/dec 2017.

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Pour l'OCeanborn, il était dans une config plutôt costaud au début (4 x 16) avec une flèche de 8

A près plusieurs essais, il a fini avec juste deux sandows coupés court qui ont lui permis d'être très précis, tout en conservant une bonne distance de tir. Il est juste repassé en 3 sandows lorsqu'il mettait une pointe détachable.

3 sandows 16mm RA (ou equivalent) et fleche de 8mm ca marche bien. 4x16mm sandows, tu auras trop de recul. si 2 sandows, il te faut du costaud (sigalsub extreme 16mm)

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